Le vin rosé a une réputation mitigée. Acheté le plus souvent en supermarché, préféré pour ses nuances pâlottes plutôt que saumonées, il n’a jamais droit aux grands égards des sommeliers, à la beauté solennelle des cérémonies. Vite refroidi dans le seau à glaçons, aussitôt bu, il est là aux pique-niques ou aux barbecues, mais pas aux dîners de Noël ou de gala. C’est ainsi ; c’est sa condition de vin simple et mal-aimé.
Il existe cependant quelques rares «rosés de garde» qui s’épanouissent grâce au travail du temps, et dont la profondeur aromatique et la complexité les hissent au rang de grands vins - leur prix suit naturellement cette courbe ascendante. Le choix des cépages, la manière dont ils ont été vinifiés et leur structure leur permettent de vieillir en beauté. Parmi eux, les rosés de Tavel (Provence), le Château Simone de l’AOC Palette (une micro-appellation qui ne regroupe que quatre domaines, près d’Aix en Provence) et quelques Bandol tanniques, assemblés avec des cépages rustiques comme le mourvèdre, gagnent à s’assouplir avec les ans.
«Vieillesse qualitative»
Et il en existe un autre, discret, délicieux, pensé dès la vigne comme un rosé de garde et dont le velouté en bouche a secoué pour toujours nos a priori sur cette couleur. Dans l’Aude