Boisson alcoolisée la plus consommée au monde, la fabrication de la bière est encore trop souvent considérée comme étant l’apanage des hommes. Pourtant, les femmes ont longtemps eu un rôle essentiel dans sa production. C’est ce que raconte Anaïs Lecoq dans Maltriarcat, quand les femmes ont soif de bière et d’égalité, paru jeudi aux éditions Nouriturfu (15 euros).
Vous racontez que de l’Egypte antique aux Gaulois, et même jusqu’au XVe siècle dans les pays nordiques, les femmes étaient centrales dans la production de bière. Pourquoi ?
Pour une raison toute simple et qui ne va pas étonner grand monde : c’était une tâche domestique. On brassait pour nourrir sa famille, ses enfants, c’était donc une tâche de femmes. Or jusqu’au XVe siècle, la bière était composée de malt, de levures et d’eau, il n’y avait pas de houblon, donc elle ne se conservait pas plus de deux ou trois jours. Les femmes ont commencé à vendre le surplus autour d’elles.
Dans l’Antiquité en Egypte et Mésopotamie, on trouve les premières traces de boisson fermentée, et les femmes tenaient des cabarets où elles la vendaient. Ensuite, au Moyen Age et à la Renaissance, en Angleterre, on consommait de la bière à l’église – il n’y avait pas de bars – mais cela a fini par être mal vu donc on allait boire dans les cuisines de celles qui brassaient, qui sont devenues les premiers pubs.
Comment ont-elles perdu ce rôle ?
Il y a eu plusieurs étapes. La première c’est en Occident, le fait que l’Eglise pointai