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Libération
On mange où ce week-end ?

Musa, bar un heureux hasard

Dans le XIe arrondissement parisien, cet établissement sert du bon dans l’assiette et dans les verres tout en préservant une ambiance chaleureuse de bar de quartier. Que rêver de plus ?
Chez Musa, à Paris. (Musa)
publié le 22 septembre 2023 à 19h58

«Il n’y a pas d’amour heureux», chantait le poète. Certes, mais y a-t-il des hasards heureux ? Si l’on en croit la façon dont on a découvert Musa, dans le quartier Saint-Maur (Paris XIe), on est en mesure de l’affirmer : oui, il existe incontestablement d’heureux hasards. L’établissement est ouvert depuis deux ans, et le coin n’est pas de ceux que l’on fréquente le moins : on avait pourtant jamais repéré ce bar et restaurant. Il aura fallu un rendez-vous donné dans un autre bistrot à quelques dizaines de mètres de là, mais dont la terrasse était bondée, pour que nous revenions sur nos pas et nous installions chez Musa.

Nous voilà donc assise en terrasse. En attendant la copine avec qui on avait rendez-vous, on choisit le vin : première bonne surprise, le serveur, charmant, connaît sur le bout des doigts sa cave et nous conseille un Jurançon (une trentaine d’euros la bouteille) qu’on aurait jamais commandé de nous-même, et qui s’est avéré excellent. Voilà qu’une folle averse nous oblige alors à renoncer à la terrasse et aux clopes qu’on imaginait ce soir-là enchaîner, et à nous réfugier à l’intérieur. Encore une grande chance que ce hasard météorologique : sans lui, nous serions passées à côté de la belle ambiance qui régnait chez Musa.

Quelques verres et l’amie retrouvée plus tard, il fait faim : on ne sait que choisir parmi la carte d’assiettes à partager, alors on commande presque tout. Si les poivrons rôtis, amandes et stracciatella sont un brin en dessous du reste (les poivrons manquent de fumé), tout comme les acras, un peu trop gros et donc légèrement surcuits à l’extérieur et sous-cuits à l’intérieur, tout était délicieux, en particulier les croquettes de bœuf à base de viande mijotée, les frites et leur toum, une sauce libanaise à base d’ail, ou encore les jaunes d’œuf confits accompagnés de champignons et pickles de graines de moutarde. Les tarifs se situent dans la fourchette basse du quartier : il faut compter autour d’une dizaine d’euros chacune.

Tout à coup, ça s’agite : le blind-test vient de commencer. A force de faire des allers-retours sous la pluie pour céder à notre addiction tabagique, on ne s’était pas rendu compte que les autres tables étaient dans les starting-blocks – et on était que lundi. On s’amuse alors à observer les compétiteurs, dans une atmosphère chaleureuse, excitée, mais paradoxalement douce : si vous n’êtes pas mélomane, le niveau sonore ne vous empêchera pas de discuter avec vos comparses de table.

La bouteille finie, on reprend un verre – de rouge, cette fois – pour la route, sans même réfléchir : on a bien compris qu’ici, on pouvait faire confiance à l’équipe. Qui prouve, enfin, qu’un bar de quartier peut proposer une carte (des mets, vins et cocktails) de qualité sans perdre de sa simplicité ni de sa convivialité.

Musa, 117, rue Saint-Maur, Paris 75011. Ouvert de 18 heures à 2 heures, tous les jours.