A l’écart du centre de Saint-Raphaël (Var), quelques kilomètres plus loin en direction du Cap Estérel, le port du Poussaï semble résister à l’épreuve du temps. Avec son bar qui ne s’est pas converti à la carte bleue, ses marins forts en gueule et seulement quelques dizaines de petits bateaux qui y mouillent, on a l’impression d’avoir accédé à une sorte de bulle, déjà plus dans l’agitation de la ville mais pas encore tout à fait seul face à celle de la mer. Le 15 août 1944, c’est notamment là, au Dramont, qu’ont débarqué une partie des troupes alliées. «A l’origine, c’était un “port-abri” de Saint-Raphaël, les pêcheurs y venaient l’été, explique Olivier Bardoux, 49 ans, dont 17 de pêche professionnelle. Comme l’engouement du nautisme a fait son œuvre, c’est devenu un port permanent.»
Ce matin d’été, le soleil cogne déjà lorsqu’on le retrouve pour l’accompagner poser des lignes d’hameçons. «Moi, je ne suis pas du matin mais on reste rythmés par le soleil, dit-il. S’il fait jour tôt, il vaut mieux être rentré à midi, donc partir vers 5 heures.» La veille, le pêcheur est sorti taquiner l’espadon à 60 kilomètres des côtes ; ce vendredi, c’est plus «relax», on ne s’éloignera que de quelques bornes. Suffisamment pour être peinard sans se sentir coupé de la civilisation : «En tant que pêcheur, on est seul avec l’étendue, avec la mer, sourit le marin. Si tu aimes le monde, effectivement il ne faut pas faire ce métier-là ! En habitant sur la Côte d