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Libération
Un été sur l'eau (6/6)

Pêche, ça mord à Venise

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Tous les samedis, «Libération» embarque avec les amateurs de poissons. Aujourd’hui, rencontre avec Ivan Bognolo, Vénitien qui incarne la quatrième génération de pêcheurs de cette famille de la Giudecca. L’une des dernières à pêcher et vivre de ce métier dans une ville principalement consacrée au tourisme.
Ivan Bognolo, pêcheur vénitien depuis quarante-cinq ans. (Francesco Pistilli/Libération )
publié le 28 août 2021 à 9h55

Ile de la Giudecca, ruban de terre étroit entre Venise et son Lido, 8 heures. Pas un nuage dans le ciel de ce matin d’avant 15 août. La journée s’annonce chaude, on nous avait avertis : «Chapeau et bouteille d’eau, car on va rester longtemps dans la lagune.» L’auteur de ces recommandations est Ivan Bognolo, né sur cette île, il est pêcheur ici depuis quarante-cinq ans. Il nous attend pieds nus dans sa barque en aluminium de 6 mètres environ, un vieux short déchiré qui laisse entrevoir un maillot de bain et un débardeur blanc enfilé pour l’occasion. Ce Vénitien, 61 printemps au compteur, incarne la quatrième génération de pêcheurs de la famille. La cinquième, malgré l’amour tout à fait relatif que portent les jeunes à cette profession, est assurée par Alessio, la petite vingtaine, neveu et apprenti de Bognolo. A Venise, tout le monde connaît cette famille de la Giudecca, l’une des dernières à pêcher et vivre de ce métier dur dans une ville et un environnement qui se sont plutôt consacrés au tourisme, activité autrement plus lucrative et physiquement moins exigeante.

A l’heure de notre rendez-vous, Ivan Bognolo est normalement déjà loin sur l’une de ses barques. Deux facteurs ont retardé le départ ce matin : la marée, qui doit monter à partir de 9 heures, et le fait que, la veille au soir, le pêcheur et ses ouailles ne sont rentrés à la base que vers 21 heures : un départ un brin plus tardif que d’habitude s’imposait donc.

Normalement, surtout à partir de février, les sor