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«Petit Eloge des cafés» : tant qu’il y aura des bistrots, on ne sera pas en rade

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Léa Wiazemsky rend hommage à ces lieux de vie et de rencontres que sont les bars, alors qu’il n’en reste plus que 40 000 en France, et de moins en moins en milieu rural.
Léa Wiazemsky évoque notamment les cafés où Jean Moulin donnait ses rendez-vous toujours à la même table, dos au mur. (kolderal/Getty Images)
publié le 24 janvier 2024 à 8h58

On a tous quelque chose d’un rade qui raconte nos vies. Le petit noir sur le zinc du Gévaudan de la rue d’Aligre (Paris XIIe) à l’heure où les primeurs montent leur étal et que notre voisin d’expresso cause transition écologique. La (les) bière(s) du samedi soir de notre jeunesse au Central à Dole (Jura) en refaisant le monde des autres à défaut de s’imaginer un avenir assuré. Le flipper du Ville de Paris (on disait «VDP») à Strasbourg auquel on restait collé plutôt que d’aller roupiller durant les cours de sociologie auxquels on ne comprenait rien. Au fond, plutôt que d’autobiographie, on devrait parler de confessions de licence IV quand on se raconte sur les banquettes en moleskine fatiguée.

Troquets

Un livre dit tout cela et bien plus encore : Petit Eloge des cafés de Léa Wiazemsky (1) est un hymne à tous ces lieux de petits bonheurs mais aussi de gros chagrins, d’amitiés à la vie, à la mort, ou d’une seule et fugace rencontre que sont les bistrots, les estaminets, les troquets, les bouis-bouis, les bars… On dirait que Léa Wiazemsky, romancière et comédienne, a toujours vécu entre un percolateur, une pompe à bière et une salamandre à faire griller les croque-monsieur, qui, avec le jambon beurre et parfois encore l’œuf dur de Jacques Prévert sur le comptoir, sont les nourritures de base des caboulots pour éponger les pintes et calmer les plaintes du ventre affamé. Il faut dire qu’elle a été portée sur les fonts baptismaux de la bistrologie par des parents pour qui le c