Les effluves de gras viennent chatouiller le nez des passants. Imbattable publicité olfactive. Sur les pavés de la place Flagey, à Bruxelles, quelques badauds s’arrêtent, hésitants. «15h30, c’est une heure acceptable pour manger une frite ?» s’interroge l’un d’eux. Trop tard ou trop tôt, on ne sait plus. Mais au fond, «c’est toujours l’heure d’une frite, hein !» répond son comparse, qui se dirige déjà d’un pas assuré vers la grappe de gourmands faisant la queue devant le stand. Sur l’une des plus grandes places de la capitale belge, Frit’Flagey est une institution. Depuis le préfabriqué blanc, on débite jusqu’à minuit – et même 2 heures du matin le vendredi – de généreuses portions de frites cuites dans de la graisse de bœuf, arrosées de sauce curry ou de sauce Dallas, sorte de mélange de sauces samouraï, américaine et andalouse, devenue mythique suite à la sortie du film Dikkenek en 2006.
En Belgique, le cornet doré est la star nationale des snacks de rue. Une street-food de toujours, bien avant que l’expression consacrée ne désigne les food trucks des festivals et autres tiers-lieux des quartiers gentrifiés d’Europe. Ici, la «cuisine en plein vent» se pratique en effet depuis 1850. «Un pays industriel, très densément peuplé et où les déplacements domicile-travail sont intensifs a besoin de diverses formes de repas à l’extér