A eux deux, ils ont plus d’un demi-siècle d’amour. On ne les a jamais connus autrement que main dans la main. On se dit que même la mort ne pourra les séparer, qu’ils sont un couple élu pour l’éternité. Le samedi matin, à 10 heures pétantes, ils s’assoient toujours à la même place à la terrasse du Café du marché. Elle commande une noisette, lui un allongé. La serveuse leur claque la bise. Une poignée de mots sur le temps qu’il fait, la santé qui se maintient et les enfants qui ont coupé le cordon depuis un bail. Il sort de son caban le journal du jour. Il le tient de manière qu’ils puissent le lire ensemble. Ils font leur revue de presse à haute voix : ils adorent n’être d’accord sur rien pour parler, parler, parler… Elle trouve que Macron a mouillé la chemise au Salon de l’agriculture. Il répond que c’est la chemise d’un menteur, qu’il vend des promesses comme le banquier d’affaires qu’il était. Il sort son portable et lui montre la fiche Wikipédia du chef de l’Etat. «N’a pas été foutu d’entrer à Normale sup, a été moulé à l’ENA comme tous les peigne-culs qui nous gouvernent.» Elle hausse les épaules en jetant un regard méprisant sur son iPhone : «Range-moi ça, on dirait que t’es marié avec.» «Je le suis déjà avec toi, c’est un emploi à plein temps», qu’il rig
Tu mitonnes
Pour l’amour des harengs pommes à l’huile
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(Emmanuel Pierrot/Libération)
publié le 29 février 2024 à 11h14
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