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Le Libé des historien·nes

Rechta revisitée et farandoles de bourek : à Paris, la gastronomie algérienne s’embourgeoise

Fourmillant dans la capitale, des restaurants, portés par les descendants d’immigrés, réinventent la cuisine des mamans de la diaspora. Une réjouissante tendance, ancrée dans l’histoire transméditerranéenne.

Berbèrhygge propose une «fusion atypique de la cuisine berbère et scandinave» dans le XIIe arrondissement de Paris. (DR)
Par
Naïma Huber Yahi
Historienne, chercheure associée à l’URMIS-Université Côte d’Azur
Publié le 09/10/2025 à 10h10

A l’occasion des Rendez-vous de l’histoire, qui se tiennent à Blois du 8 au 12 octobre 2025, les journalistes de Libération invitent une trentaine d’historiens pour porter un autre regard sur l’actualité. Retrouvez ce numéro spécial en kiosque jeudi 9 octobre et tous les articles de cette édition dans ce dossier.

On connaissait l’«Arabe du Coin» ouvert à pas d’heure. Désormais, faites place aux bonnes tables de la gastronomie franco-algérienne ! Dans le sillage des nouveaux codes de la «food culture», comptes Instagram dédiés, livres de cuisine et restaurants franco-algériens se multiplient et célèbrent à Paris des plats plus familiers des travailleurs immigrés que des beaux quartiers. En effet, les adresses proposant de la «cuisine d’Algérie» étaient jusque-là cantonnées aux petites gargotes à loubia (soupe de haricots blancs à la tomate) des quartiers populaires de Belleville ou de proche banlieue, aux couscous «à petit prix» du vendredi dans les brasseries parisiennes aux racines algériennes, ou encore aux palais en stucs des restaurateurs rapatriés et juifs d’Algérie qui popularisèrent le couscous-merguez au lendemain de l’indépendance du pays.

A la fois «tradi et trendy»

C’est désormais une nouvelle génération aux ambitions patrimoniales et à la clientèle plus aisée qui propose à la car