L’idée est née en décembre 2013 dans une cuisine de York, au Royaume-Uni. Jane Land et Matthew Glover, tous deux véganes, cherchent une façon de promouvoir leur mode de vie exempt de tout produit d’origine animale pour des raisons éthiques et écologiques. Matthew a encore sa moustache qu’il a laissée pousser selon les consignes de «Movember», en soutien à la lutte contre le cancer de la prostate. Pourquoi ne pas s’en inspirer et lancer un «veganuary» (contraction de «vegan» et «january», soit janvier végan en fançais) ?
Dix ans plus tard, l’affaire a essaimé partout dans le monde avec des centaines de milliers de participants annuels dans quasiment tous les pays et les fabricants de la grande distribution jouent désormais le jeu. Y compris en France, où par l’entremise de l’association L214 bien connue pour ses vidéos chocs dans des élevages ou abattoirs, ce défi parallèle au «dry january» («mois sans alcool», en français) s’implante tranquillement depuis trois ans. Or il est souvent difficile de trouver des alternatives entièrement végétales dans les restaurants hexagonaux. Pour celles et ceux qui voudraient tenter cette année le veganuary sans se priver de sorties, voici quelques bonnes adresses parisiennes où le végétal est l’unique roi.
Soya fusionne les saveurs orientales
Du kimchi, une «mozza’cajou», un couscous de blé complet avec sa variante au quinoa, un curry massala, etc. A sa carte, Soya, «cantine bio» située non loin de la place de la République (XIe arrondissement), fusionne les saveurs orientales à la sauce végétale. Ouvert en 2007 par Christel Dhuit et reconnu depuis comme l’une des tables végétaliennes à ne pas manquer à Paris, ce restaurant à l’allure bistronomique soigne la présentation de ces mets relevés à un prix raisonnable (comptez 17 à 20 euros le plat principal) tout en prenant en compte les allergènes, avec de nombreuses préparations sans gluten.
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Notre coup de cœur : l’assiette grand mezzé avec ses falafels, son humus ou ses makis qui donne un aperçu des réjouissances globales. Le tout peut s’arroser avec un vin biologique, des bières artisanales, un kéfir ou un kombucha, voire un cocktail porté sur les agrumes – et notamment une version du Moscow Mule au mezcal parfaitement à propos. Et si les desserts sont plus attendus (un carrot cake, un trio de macarons ou un moelleux au chocolat noir), on en redemande avec envie. Variante : le Soya comptoir bio, non loin du Canal Saint-Martin (Xe arrondissement), qui donne priorité aux plats à emporter et au grignotage.
Soya, 20, rue de la Pierre levée, 75011 Paris. Ouvert tous les soirs, le midi du jeudi au samedi. Brunch le dimanche. Comptez 30 à 40 euros par personne.
Faubourg Daimant réplique divinement le bistrot bourgeois
Déjà connu pour sa sandwicherie Plan D, le collectif Daimant a ouvert à la rentrée Faubourg Daimant, dans le Xe arrondissement de la capitale. Sa promesse est alléchante : proposer une cuisine entièrement végane, mais qui emprunte aux codes de la cuisine bourgeoise. Intrigués par la hype autour de l’adresse, on est allés y dîner et on n’a pas été déçus du voyage. Pas de mini-pousses façon nourriture macrobiotique ou de portions riquiqui ici. Dans une salle chaleureuse, notamment grâce à de grands pans de bois foncé élégants et aux bougies qui éclairent les tables, on déguste des mets canailles en trompe-l’œil – malgré leur intitulé, il n’y a par exemple pas de viande dans les «croquettes cochonnes» servies avec une sauce ravigote.
On a testé
Par définition, aucun produit d’origine animale n’entre dans la composition des plats. Le beurre à l’ail et piment, servi pour toute la table, est à base de margarine (mais n’a rien de la tartinade dégoûtante qu’on trouvait dans le frigo de nos grands-parents), donc d’huile végétale ; les radis au beurre sans beurre, enrobés dans une légère pâte à tempura et servis chauds, s’habillent d’une sauce à base de crème végétale ; la fausse bouillabaisse repose sur un jus de légumes, qu’on aurait aimé un chouïa plus corsé mais qui était déjà parfumé (et cette rouille, cette rouille !)… Le plat star reste les pommes dauphines au caviar d’algues, ultragourmand et moins salé que si du caviar d’esturgeon avait été utilisé. Lier plat d’enfance et mets d’adulte, que demander de plus ?
Faubourg Daimant. 20, rue du Faubourg Poissonnière, 75010 Paris. Ouvert tous les jours midi et soir. Brunch le week-end. Comptez une soixantaine d’euros par personne.
Tien Hiang, l’Asie du sud-est version végétale
Elles ont tout l’air de vraies crevettes. Que nenni : la chair de ce trompe-l’œil est faite de konjac, une plante dont le bulbe donne une gelée pâteuse. Et l’ersatz de crustacé correctement assaisonné fait parfaitement illusion sur son lit de vermicelles de riz, sa batavia et ses pousses de soja. Spécialisé dans la «mock-meat» (viande factice, en français) depuis son ouverture en 1995, d’abord dans le XIIIe arrondissement, avant de s’implanter près du canal Saint-Martin, Tien Hiang est une référence de la cuisine végétale – un plat contient néanmoins du fromage – à Paris. A la carte, des classiques du sud-est asiatique (Vietnam, Thaïlande, Cambodge, Chine, etc) : le bò bún, le phô, les rouleaux de printemps, le pad thaï ou le «bœuf» lôc lac. A la différence qu’aucun animal n’a été conduit à l’abattoir pour les cuisiner. Le succès de cette table chantre du simili carné et de la protéine de soja pour laquelle il faut souvent faire la queue a d’ailleurs fait des émules avec l’ouverture d’adresses semblables, Bodhi Vegan (Xe) ou Vegebowl (Xe) par un des anciens chefs du restaurant.
Tien Hiang, 14, rue Bichat 75010 Paris. Ouvert midi et soir, sauf le mardi. Comptez une vingtaine d’euros par personne.
So Nat en met plein le bowl
On a découvert So Nat, «cantine végétale» à un pas de l’église Notre-Dame-de-Lorette (IXe arrondissement), par hasard, lors de son ouverture en 2016. Parmi les cagettes, une jungle de plantes et des matériaux de récup, ce restaurant joue la carte de la responsabilité environnementale à fond (abandon progressif du plastique à usage unique, produits issus de l’agriculture biologique, récupération des épluchures et des fanes, etc) tout en proposant une cuisine végane, originale, rapide, créative et possiblement à emporter. Ouvert uniquement le midi et la semaine pour le déjeuner, So Nat propose des «buddhas bowls» composés qui varient selon les saisons. Mais toujours avec une céréale et une légumineuse (comme des pois chiches, des haricots azuki ou des lentilles beluga pour l’apport en protéines), des légumes ou des fruits cuisinés (fenouil, chou ou cresson en ce moment), une garniture (des pickles par exemple) et une sauce. On apprécie aussi son sandwich de pain pita au seitan mariné en entrée, un incontournable de la maison avec ses puddings de chia en dessert. C’est varié, équilibré et fidèle à la promesse défendue par sa cheffe Zohra Levacher d’une gastronomie végétale gourmande et plutôt bon marché. Comptez 11 euros le grand bowl par exemple.
So Nat, 5, rue Bourdaloue 75009 Paris. Ouvert le midi du lundi au vendredi. Comptez dix à quinze euros le menu.
VG Pâtisserie fait son beurre sans beurre
La cuisine végane, ce ne sont pas que des légumes – ou des fruits crus ! Et VG Pâtisserie, établissement fondé en 2017 par la cheffe Bérénice Leconte sur le boulevard Voltaire (XIe arrondissement) le démontre avec passion. Première des quelques pâtisseries véganes ou 100 % végétales à avoir ouvert dans la capitale et ailleurs en France depuis, l’adresse propose des inconditionnels de la pâtisserie hexagonale (viennoiseries, Paris Brest, brioches à la praline, flan, baba au calvados), mais sans œuf, sans lait et sans beurre. «Je pars des recettes simples et je suis contre les substituts. Ce que j’aime justement, ce sont les défis», expliquait à Libé la pâtissière et autrice de livres de recettes qui ne coupe pas aux mets de saison, comme la galette des rois. Ses gâteaux moelleux – on reproche souvent à la pâtisserie végétale de donner un résultat sec ou peu onctueux –, sont en bouche semblables à s’y méprendre à leurs cousins au beurre ou ovo-lactés. Et constitue une alternative plus qu’intéressante aux intolérants ou allergiques en tout genre.
VG Pâtisserie, 123, boulevard Voltaire 75011 Paris. Ouvert du mardi au dimanche en journée.