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Libération
On mange où ce week-end ?

Tempero, Delhi Bazaar et Onassis : trois restos pour voyager

Arrêtez l’avion. Prenez juste le métro ou le bus, ou descendez au coin de la rue : vous pourrez voyager jusqu’au bout des papilles avec une empreinte zéro carbone.
Onassis, dans le quartier d'Endoume à Marseille, est à la fois une poissonnerie et un resto. (Magna Presse)
publié le 30 juin 2023 à 20h32

Depuis le Covid, prendre l’avion pour un week-end à Porto, à Rome ou à Madrid est désormais jugé sévèrement ringard, boomer, réac, égoïste, anti-écolo et moche. Pour vous éviter d’être voué aux gémonies des réseaux sociaux (ou de vos collègues ou supposés amis), choisissez la solution radicale : ne bougez plus. Restez là où vous êtes. Dans votre ville. Traversez la rue (même si ce mouvement, on en convient, est devenu beaucoup trop macroniste) et rendez-vous dans le resto en face, ou à quelques encablures, de chez vous. Trois adresses, deux à Paris, la troisième à Marseille, vous permettront de voyager loin, avec une empreinte carbone nulle, les papilles bien confortablement assises en classe affaires.

Tempero (Paris XIIIe)

A deux pas de la Bibliothèque nationale de France, la cheffe Alessandra Montagne Gomes a recréé dans les assiettes de son resto toute l’atmosphère de son enfance brésilienne. Pour un aller simple à Copacabana, on a choisi de goûter sa feijoada, un plat mijoté présenté dans une casserole en fonte encore fumante. Cette potée de haricots noirs, saucisses fumées, poitrine de cochon fraîche et fumée, avec de l’ail et des aromates, nous a transportés très loin du XIIIe arrondissement. Les saveurs parfumées et les textures fondues avaient quelque chose d’alchimique et de réconfortant, même en ce début d’été caniculaire. Des petits bols d’accompagnements (chou vert haché, riz blanc et farofa, une chapelure de manioc toastée) apportent le crounch-crounch nécessaire pour réveiller la bouche et les oreilles.

On en oublierait presque de parler de l’entrée, une sucrine toute crue, toute simple, servie avec une montagne de comté râpé, du citron, des oignons frits, des pickles et des petits oignons nouveaux. Une bombe, aussi jolie que délicieuse, comme tout ce qui est servi ici. Dans les étagères, l’œil s’égare sur les livres de recettes et les bons produits locaux, dont des épices (en portugais, tempero signifie «épices») et conserves maison, ainsi qu’une bonne sélection de bouteilles de vins naturels. Quel beau et élégant voyage, juste au bout de la ligne 14 du métro parisien !

Tempero, 24, promenade Claude Lévi-Strauss, 75013 Paris. 01 45 84 19 81. Environ 40 euros par personne avec deux verres de vin, au déjeuner.

Delhi Bazaar (Paris XIe)

L’adresse est toute récente et fait du bien à un quartier – celui qui va de la rue Saint-Maur au Père Lachaise, en gros –, qui manquait singulièrement de bon restaurant indien jusqu’ici. Chez Delhi Bazaar, on s’installe dans une salle un peu bruyante mais joliment décorée pour déguster des classiques (poulet korma, butter chicken, palak paneer, nans dans toutes leurs déclinaisons…) et des mets plus originaux, issus de la street food indienne, comme ces morceaux de fromage indien grillés et proposés avec un chutney de mangue, ces petites coques remplies de sauce à la menthe et de pommes de terre, ces brioches à tremper dans un curry de légumes ou ce sundae revisité à base de glace à la cardamome. Contrairement à certains restos de quartier où les morceaux de poulet se battent tristement en duel dans une sauce épaisse, les hauts de cuisse et blancs utilisés ici et cuits au tandoor, ce grand four traditionnel, sont charnus et généreux.

Dans les verres, on a aimé en particulier le cocktail au mezcal, sirop de piment et jus d’ananas, plus doux que son nom et ses ingrédients ne laissaient penser – une belle sélection de mocktails est également proposée. En cuisine, on retrouve le chef Eqbal Hossain. En salle, le service est sympathique et plutôt efficace, ce qui ne gâche rien.

Delhi Bazaar, 71 rue Servan, 75011 Paris. Comptez à partir de 13 euros pour un plat et environ 40-45 euros pour une entrée, un plat, un naan et un cocktail, un peu moins si vous préférez opter pour du vin ou un soft. Ouvert tous les jours, midi et soir. Réservation conseillée au 01 43 57 39 81 ou sur la plateforme Zenchef.

Onassis (Marseille VIIe)

Sur la corniche Kennedy, non loin du quartier d’Endoume, se trouve un drôle de lieu, mi-poissonnerie mi-resto, où l’on peut déguster quelques fruits de mer et un verre de vin blanc sur le pouce, dans la petite cour par exemple, ou monter à l’étage s’installer à la table tenue par le chef Joffrey Bohaër (un ancien de chez Mory Sacko). Là, on part pour un étonnant voyage, composé de cinq escales (à Hanoï, à Lima, à Alexandrie…) autour du poisson et des produits de la mer. Le soir de notre venue, le resto devait être quasiment entièrement réservé mais une annulation de dernière minute nous a permis de passer une soirée privilégiée dans un établissement qui semblait n’avoir ouvert que pour nous.

On a alors eu tout le loisir de s’émerveiller autour des assiettes colorées et maîtrisées, souvent délicieuses, toujours étonnantes. On ne veut pas vous en dire trop pour préserver la surprise mais on peut vous dire ceci : notre comparse ce soir-là avait beau être un fin carnassier, il a adoré les brochettes à la façon de celles que l’on déguste au restaurant japonais, au bœuf et au fromage, revisitées ici avec de la seiche et du comté, aussi réconfortantes que savoureuses. Et si vous n’avez pas le temps de vous arrêter toute une soirée, passez au moins à la poissonnerie choper quelques huîtres et bulots, à déguster, pourquoi pas, sur la plage en contrebas.

Onassis, 245 corniche Kennedy, 13007 Marseille. Ouvert au dîner les jeudis, vendredis et samedis. Réservation conseillée au 06 44 84 93 91.