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Transhumance dans le Haut-Rhin : en avant, vache !

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Tous les ans, dans le Haut-Rhin, a lieu la traditionnelle migration nouvellement inscrite au patrimoine mondial de l’humanité. Dans la vallée de Munster, en rang d’oignons derrière les bovidés, on a essayé de suivre le rythme entre cloches assourdissantes, cols printaniers et gueuletons agrémentés de roïgabrageldi et siesskass.
Les bovidés, 28 laitières, sont sur leur trente-et-un prête pour 9 kilomètres de déambulation au rythme des cloches et de «Pascal Lacom, à l’accordéon», 700 mètres de dénivelé et une arrivée à 1 180 mètres d’altitude. (Chloë Cayrou-Schneider/Libération)
par Margaux Gable, Envoyée spéciale à Stosswihr (Haut-Rhin)
publié le 22 mai 2024 à 8h15

On ne peut plus le nier, l’Alsacien sait accueillir. A peine glisse-t-on un orteil hors de la voiture en cette matinée ensoleillée de mai qu’on nous flanque un gobelet de blanc entre les mains. On plaide coupable : devant la ferme Schubnel à Stosswihr (Haut-Rhin), les marcheurs peuvent opter pour le jus de pomme ou pour l’edelzwicker, vin blanc d’Alsace. Mais après une rude enquête matinale (deux ou trois regards balancés dans les verres voisins), à 10 heures du matin seuls les bambins semblent carburer au soft. Sur les tables, on trouve de quoi se sustenter avant de grimper : du kougelhopf (ou kouglof), ce gâteau-brioche typique aux raisins secs, amandes et sucre glace, et… du cake aux lardons. De toute façon, notre estomac a déjà perdu toute notion du temps.

Chaque mois de mai, Yannick Schubnel, éleveur et propriétaire de la ferme familiale qui produit lait et fromage, fait transhumer ses vaches entre son établissement et sa ferme-auberge du Schiessroth, où les bovins peuvent paître l’herbe verte des chaumes dans la fraîcheur estivale : 28 vaches laitières, 9 kilomètres, 700 mètres de dénivelé positif, une arrivée à 1180 mètres d’altitude. Et, au mois de septembre, c’est chemin inverse, les ruminants sont descendus dans la vallée, où ils retrouvent leurs quartiers d’hiver. Nouveauté cette année : depuis décembre 2023, la pratique – qui remonte à quatre mille ans au moins et se déroule encore aujourd’hui deux fois par an dans les Pyrénées, les Alpes, le Massif central, la Co