«Un jeune sur cinq ne reconnaît pas une courgette en photo (y voyant un concombre, ou dans de très rare cas une aubergine), contre une personne sur dix dans l’ensemble de la population.» La phrase, signée par l’Agence France Presse citant une étude d’Harris Interactive, ce mercredi 6 mars, ne devrait pas manquer de susciter les moqueries. Sur les plateaux radios et télé, on voit déjà, gros comme une maison, venir les commentaires courroucés, aussi subtils qu’un chroniqueur de chez Hanouna et aussi réac qu’une émission de Praud, façon «La France va mal, ma bonne dame, de mon temps on savait distinguer un navet d’un topinambour» et autres «C’est la faute aux smartphones, l’émoji concombre et l’émoji courgette se ressemblent trop», sans compter le simple, basique, et définitif «Qu’y sont cons ces jeunes»…
Alors, évidemment, on ne va pas vous dire qu’on se réjouit que 20 % des 15-24 ans, qui sont aussi plus nombreux (44 %) que l’ensemble de la population (23 %) à manger des plats préparés plusieurs fois par semaine, confondent deux légumes aussi classiques que le concombre et la courgette. Mais quand on ne dispose que d’une micro-cuisine dans sa chambre d’étudiant, que les fruits et légumes du supermarché ont un goût de flotte, que les temps de trajets du quotidien bouffent celui que l’on pourrait consacrer à cuisiner, que les déserts alimentaires gagnent la France, que les files d’attente dans