L’étau se resserre autour de Jean Imbert. Une ancienne compagne du chef étoilé a porté plainte contre lui pour violences, le 23 septembre, selon la Tribune dimanche. L’ancien gagnant de l’émission Top Chef, qui s’est mis «en retrait» de ses établissements fin août après l’ouverture d’une enquête pour violences conjugales à son encontre, était déjà visé par une première plainte d’une ex-compagne. Il s’agit ici d’une cinquième victime déclarée.
C’est en 2010 que Lucie (un prénom d’emprunt) rencontre Jean Imbert, alors qu’elle est serveuse à l’Acajou, le premier restaurant du chef, dans le XVIe arrondissement de Paris. «Il avait dix ans de plus que moi, je l’admirais», rapporte la jeune femme, qui a alors 19 ans, et étudie le droit. Elle décrit une relation d’abord fusionnelle. Puis viennent les premières disputes. «Il me rabaissait. Ses mots étaient durs», décrit Lucie, qui raconte avoir été jetée à plusieurs reprises hors de l’appartement de son ex-conjoint.
«Il a écrasé une cigarette sur mon épaule»
La jeune femme de 34 ans, qui considère avec le recul avoir été «sous emprise» et régulièrement «rabaissée», fait également état de violences physiques. Un jour, «pour le provoquer, car il m’interdisait de fumer, j’ai allumé une cigarette. Il me l’a prise des mains et l’a écrasée sur mon épaule, à trois reprises», affirme celle qui porte toujours les cicatrices des brûlures. «J’ai envie de pouvoir te dire des choses que je pense sans me faire insulter», lui écrit-elle dans un mail quelque temps plus tard, en 2012. La même année, juste après un dîner organisé à l’Acajou après sa victoire à Top Chef, Lucie rapporte avoir été giflée par le chef, dans sa salle de bains : «Il s’est levé et m’a mis une grosse claque au niveau de l’oreille. J’ai eu très mal», se souvient-elle.
A lire aussi notre enquête :
Plusieurs proches de la jeune femme interrogés par la Tribune dimanche confirment ses accusations, disant notamment l’avoir vu «isolée et amaigrie». Sa sœur raconte cette fois où elle a tenté de lui dissimuler une griffure sur son visage, qui aurait été infligée par le chef. Une ancienne employée du restaurant se souvient avoir vu le chef la plaquer contre un mur, en 2011, lors d’une dispute. «Il la secouait, en lui tenant les poignets», rapporte-t-elle. D’autres ex-employés disent au contraire ne jamais avoir vu Jean Imbert «mal se comporter» en cuisine.
Témoignage en sa faveur
Lucie, restée en contact de manière sporadique avec Jean Imbert depuis leur rupture en 2012, raconte avoir été poussée par Jean Imbert à témoigner en sa faveur, en réponse aux accusations formulées par d’anciennes conjointes dans une enquête du magazine Elle. Sans que le but de ce témoignage ne soit clairement énoncé par son ex. Elle explique ainsi avoir été contactée par le chef en février 2025, quelques semaines avant la publication de l’article. «Il pleurait au téléphone, il semblait paniqué. Il m’a expliqué qu’une ex cherchait à lui nuire. A aucun moment, il n’a mentionné l’article de Elle. Il m’a demandé d’écrire un texte attestant qu’il n’avait jamais été violent avec moi, pour pouvoir se défendre “au cas où” son ex tenterait quelque chose contre lui», rapporte Lucie.
Jean Imbert l’invite à dîner, elle se sent «redevable», y voit une forme de «réparation» de leur relation et finit par accepter. Son ex lui «dicte les points sur lesquels insister» dans son texte, qu’il modifie pour y ajouter des éléments. Quelques semaines plus tard, à la lecture de l’enquête de Elle, Lucie est «dévastée», en constatant les «similitudes» entre son histoire et celle narrée par les quatre ex-conjointes qui y témoignent de violences physiques et psychologiques. Elle dit s’être décidée à porter plainte après avoir ressenti un «électrochoc» face au témoignage d’Alexandra Rosenfeld, qui a pris la parole publiquement après avoir témoigné anonymement dans l’enquête de Elle.
Contactées par la Tribune dimanche, les avocates du mis en cause pointent un «revirement» dans le témoignage de Lucie et font valoir «les nombreux éléments matériels qui permettront de faire la lumière sur les accusations, fermement contestées, de ce dossier», sans plus de détails.