Il ne faut pas ouvrir Violences en cuisine, une omerta à la française en pensant y trouver des noms de chefs incriminés. L’ouvrage de Nora Bouazzouni, qui paraît ce mercredi 21 mai, ne met pas en cause directement telle ou telle figure de la gastronomie. Ce qui y est dénoncé n’en est pas moins fort. L’enquête fouillée, menée pendant quatre ans par la journaliste, décrit un système. Une industrie qui repose sur «l’exploitation, la maltraitance et la misogynie», écrit l’autrice, une véritable machine à broyer, dont témoignent près d’une cinquantaine de cuisiniers et pâtissiers au fil de l’ouvrage. Code du travail non respecté, humiliations répétées, violences physiques et sexuelles… La plupart de ces professionnels ne s‘étaient jamais confiés sur l’enfer vécu dans le huis clos des cuisines, preuve de la culture du silence qui règne dans le milieu. Ils y racontent les heures supplémentaires non payées, les corps abîmés par les tâches répétitives, les coups de torchon ou les agressions dans la chambre froide, l’usage d’alcool et de stupéfiants pour tenir… Ces dernières années, le sujet a émergé en pointillé, notamment sous l’impulsion de la page Instagram «Je dis non chef», créée en 2019. Depuis, les rares chef
Interview
Violences en cuisine : «Egratigner un chef reviendrait à égratigner la France»
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Nora Bouazzouni, à Paris le 2 octobre 2023. (Marie Rouge/Libération)
par Juliette Deborde
publié le 20 mai 2025 à 8h30
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