On sonne chez elle et c’est une mélodie aux notes japonaises qui retentit. Sur le porche de sa maison située à Saint-Julien dans le XIIe arrondissement de Marseille, Masami Takenouchi, 49 ans, nous accueille avec un large sourire avant de nous conduire à sa cuisine. C’est là que la pâtissière prépare chaque semaine des wagashis. Très délicates, ces pâtisseries traditionnelles japonaises (wa signifiant «Japon» et gashi «gâteau») se dégustent généralement lors de cérémonies du thé. Bien qu’ils s’engloutissent en quelques bouchées, ces bijoux sucrés sont le résultat d’un long travail d’orfèvre. Trier les haricots azuki un par un pour ne garder que ceux qui vont cuire uniformément, rouler l’anko (la pâte de haricots sucrée) grâce aux mouvements réguliers de ses deux paumes et l’enfermer dans la boule de farine de riz en tournant la préparation dans le creux de sa main, déposer la feuille de cerisier du bout des doigts… Ces gestes minutieux obéissent à une chorégraphie durement apprise. En France, on ne dénombre pas plus de dix spécialistes de cet artisanat. «Je suis allée au Japon plusieurs fois pour me former auprès de grands noms du wagashi tels que Momoko Sazawa, Keiko Omori Yuimiko ou encore Shinjyuku Eikoudou», égrène la native de Kobe en guise de CV.
En ce début de printemps, on fête l’arrivée des fleurs sur les cerisiers. C’est donc le moment de l’année où Masami Takenouchi confectionne des sakuramochis, reconnaissables aux grandes feuilles de cerisier