En attendant l’annonce majeure de cette fin d’année 2024, avec la nomination du nouveau directeur ou de la nouvelle directrice artistique de la maison Chanel, un nombre important de marques du monde du luxe sont en train de voir leur tête créative changer. Si la conjoncture et le ralentissement de la consommation des biens de luxe en Chine ne pousse pas les leaders de l’industrie à prendre des risques, l’heure est venue pour beaucoup de changer de navire.
Retour de l’esprit couture chez Givenchy
Enfin ! Après des mois de rumeurs et de non-dits, on sait enfin qui prend la tête de la création de Givenchy, propriété du groupe LVMH, en la personne de Sarah Burton. La styliste, figure respectée, pendant vingt-six en charge des collections d’Alexander McQueen, marque le retour de l’esprit couture au sein de la vénérable maison fondée par Hubert de Givenchy en 1952. Elle prend la suite de Matthew Williams, qui avait été chargé de plaquer des références streetwear sur la griffe, biais qui n’a pas tout à fait trouvé son public, d’où le départ de l’Américain annoncé le 1er décembre, après trois ans de contrat.
Autre nomination notable en ce début de «mois de la mode» qui voit quatre Fashion Weeks se succéder, entre New York, Londres, Milan et Paris, l’arrivée de Haider Ackermann chez Tom Ford. Libre comme l’air depuis son départ de Berluti (après même pas deux ans de collaboration, entre 2016 et 2018) où il dessinait les collections masculines, il succède à Peter Hawkings. Ce dernier avait la lourde tâche de succéder au fondateur de la marque américaine, légende de la mode, Tom Ford lui-même, qui avait quitté sa maison en 2023, quelques mois après l’avoir revendue à Estée Lauder. Créateur fétiche de Timothée Chalamet, Ackermann avait récemment travaillé pour la marque Fila et dessiné une collection couture avec la griffe Jean Paul Gaultier.
L’inconnue Galliano
Le secteur de la mode grand public s’attache les services de créateurs respectés de l’industrie à l’instar de Gap avec Zac Posen annoncé l’hiver dernier et d’Uniqlo plus récemment. L’enseigne, dans le giron du groupe Fast Retailing, fait appel historiquement à des noms de la mode issus du prêt-à-porter de luxe et accueille aujourd’hui Clare Waight Keller en tant que directrice de la création. Passée par Chloé et Givenchy, qu’elle avait quitté en 2020 après avoir notamment dessiné la robe de mariée de Meghan Markle, Waight Keller avait lancé une collection pour Uniqlo en 2023 qui avait donc valeur de test pour le géant japonais. L’Anglaise de Birmingham change de gamme en signant un contrat qu’on imagine confortable avec une enseigne très attachée à ses basiques et à la technicité de son offre, disposant de 2 400 points de vente dans le monde. Dans le passé, Uniqlo a travaillé avec Jil Sander, la marque finlandaise Marimekko, le Français Christophe Lemaire, et Inès de la Fressange, qui a vu sa collaboration de longue date s’interrompre au mois de mars.
On a également appris que Glenn Martens, brillant créateur belge qui a remis Diesel sous les radars, abandonnait sa maison de cœur depuis 2013, le label Y /Project, basé à Paris. Renzo Rosso, le fondateur du groupe OTB, pourrait, dit-on, le nommer à la tête de Maison Margiela (autre marque du groupe) alors que John Galliano a dévoilé quitter son poste le mois dernier. Pour retourner chez LVMH ? Les rumeurs les plus folles courent au sujet de l’Anglais, qui a définitivement redoré son blason à l’occasion du défilé couture de la griffe donné en janvier 2024 sous le pont Alexandre-III. Une folie ?