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Insolite

Au Japon, une cuillère qui électrocute la bouche pour moins saler ses plats

Fruit d’un projet entre l’Université de Meiji et la brasserie Kirin, cet ustensile donne des petits coups de jus pour rehausser le goût des aliments. Dans un pays qui consomme plus de 10g de sel par jour par habitant, l’entreprise ambitionne de convaincre 5 millions d’utilisateurs d’ici cinq ans.
La cuillère électrique développée par l'entreprise Kirin présentée, à Tokyo le 20 mai. (Tom Bateman/Reuters)
publié le 30 mai 2024 à 12h40

Et si vous pouviez rehausser vos plats, sans sel, d’un coup de cuillère magique ? C’est en tout cas la promesse formulée par Kirin. Le groupe japonais, leader du marché des bières nippones, s’est lancé dans la commercialisation d’une cuillère high-tech, rapporte le média korii. Grâce au courant électrique qu’elle diffuse, elle rehausse le goût salé et l’«umami» des aliments ayant une faible teneur en sodium. Et ce, sans sel additionnel. En concentrant les molécules d’ions sodium sur la langue, la perception culinaire est modifiée, avec un ressenti salé «1,5 fois environ» supérieur, précise un communiqué publié le 20 mai. L’objet avait déjà tapé dans l’œil des prix Ig Nobel, ces anti-prix Nobel qui félicitent les recherches les plus loufoques.

200 unités ont été mises en ligne pour commencer. Dans les cinq ans, la firme espère convaincre 5 millions de consommateurs, rapporte Reuters. Né d’une innovation pensée avec les labos de l’Université tokyoïte de Meiji présentée en 2022, cet ustensile en plastique et métal permettrait de baisser de 30% le niveau de sel des plats, détaille Kirin.

Outre son prix – 19 800 yens, 117 euros tout de même –, le produit n’est pas accessible à tout le monde. Il ne peut être utilisé par des mineurs ou des personnes ayant un stimulateur cardiaque ou tout autre appareil électrique médical. Il faut aussi un bon coup de fourchette : l’objet mesure 25 cm de longueur, 2,8 cm de largeur et 2,5 cm de profondeur, pour 60 grammes.

Le produit paraît anecdotique, le sujet l’est beaucoup moins. Les adultes ne devraient pas consommer plus de 5 grammes de sel par jour, recommande l’Organisation mondiale de la Santé. Pour les enfants, moins de 2. Les Européens en sont loin, avec 8 à 19 g en moyenne consommés chaque jour, 10,1 g pour le Japon. L’enjeu sanitaire est pourtant important. La causalité entre apport élevé en sodium et hypertension artérielle, elle-même facteur de risque de maladie cardiovasculaire et d’AVC, est largement référencée. La consommation élevée de sel affecte aussi la natalité. «On estime qu’une réduction de la consommation de sel, ne serait-ce que de 15%, permettrait d’éviter 8,5 millions de décès prématurés en dix ans dans les pays à revenus faible et intermédiaire, et pourrait permettre de réaliser des économies dans les pays à revenu élevé», rapporte l’OMS.