Dans les étalages de supermarché, il est presque impossible de le louper : le Nutri-Score permet d’alerter le consommateur, sur une échelle de A à E, de la qualité (ou non) d’un produit. Transposez ce principe des rayons à Internet et vous obtiendrez le «Nutri-Score du numérique», une initiative destinée à évaluer la qualité des contenus consommés par les enfants.
Ce projet, piloté par un collectif indépendant d’experts, a ainsi pour objectif de guider les parents dans la consommation digitale de leurs enfants. «L’idée est de mettre en place une solution simple pour tous, les enfants comme les parents, et de pousser les plateformes à faire évoluer leur contenu», décrit la designeuse Maëlle Chassard.
Même si l’initiative est encore embryonnaire, le Nutri-Score numérique doit concrètement fonctionner lui aussi avec un système de notation de A à E, établi par les participants du projet en fonction de plusieurs critères éducatifs et cognitifs, comme le développement du langage ou du vocabulaire.
A l’image des systèmes d’évaluation des jeux vidéo PEGI, «un petit logo devra être visible à côté ou au début du contenu», explique Maëlle Chassard. Même si elle ne sait pas encore quelles plateformes seront ciblées, la cofondatrice des boîtes à histoires Lunii entend viser une tranche d’âge et un type de contenu, pour la première version du Nutri-Score numérique qui devrait voir le jour d’ici fin 2026. Par exemple, les dessins animés chez les 6-10 ans.
Cet outil pourrait devenir précurseur face une consommation numérique en forte hausse chez les plus jeunes : 16 % des enfants de 11 ans et 40 % de ceux de 15 ans dorment en moyenne deux heures de moins que nécessaire en semaine selon le rapport «Enfants et écrans. A la recherche du temps perdu», publié en avril 2024.
Témoignage
L’annonce de ce projet surgit dans un contexte où la ministre déléguée chargée du Numérique, Clara Chappaz, a annoncé dimanche 11 mai vouloir accélérer l’interdiction des réseaux sociaux aux moins de 15 ans. De même, l’ancien Premier ministre Gabriel Attal évoquait récemment la création d’un «Addict-Score» pour alerter sur les risques d’addiction liés aux écrans. Mais, comme dit Maëlle Chassard, «les contenus numériques sont trop complexes pour les résumer seulement à de l’addiction». A l’occasion, elle et ses confrères espèrent rencontre le gouvernement pour leur parler du Nutri-Score numérique : «On attend leur invitation.»