Une école dédiée au métavers – cette plateforme numérique, présentée comme le futur d’Internet, où il est possible de mener une vie à mi-chemin entre le réel et le virtuel – va voir le jour à La Défense, à Paris. Elle devrait faire sa première rentrée en octobre 2022. «Le Metaverse College sera un établissement d’enseignement supérieur dédié à l’apprentissage des métiers du métavers, soit ces mondes virtuels qui feront partie intégrante du web de demain», détaille auprès de Libération Ridouan Abagri, initiateur du projet et actuel PDG du Digital College, un établissement dédié aux métiers de l’Internet qu’il a fondé en 2014.
«Se positionner comme pionnière»
Au programme pour les futurs étudiants, admis sur dossier et après un entretien : formations en intelligence artificielle (IA), en jeux vidéo, en coordination de projets métavers ou cours sur le «métapatrimoine». Sans parler des NFT (titre de propriété d’un bien digital), de la blockchain (portefeuille de cryptomonnaie), de la modélisation 3D, du design d’applications en réalité virtuelle ou augmentée ou encore du codage. Soit tous les éléments qui font tourner la machine métavers, où, selon une étude du cabinet de conseil américain Gartner, d’ici 2026, 25 % des gens passeront au moins une heure par jour pour des activités allant des loisirs à l’éducation en passant par le shopping ou même le travail.
«Dès lors que Meta [nouveau nom de l’entreprise Facebook, ndlr] a commencé à investir dans le métavers, il m’a semblé important que la France puisse se positionner comme pionnière dans la formation des métiers liés à ces mondes virtuels», explique le futur directeur. En octobre 2021, Mark Zuckerberg avait annoncé que Meta serait prêt à embaucher 10 000 personnes à travers toute l’Europe pour l’élaboration de son propre métavers. Une étude du constructeur d’ordinateurs Dell et du think thank californien Institute for the Future notait déjà, en 2017, que 85 % des emplois de 2030, et qui seront pour la plupart liés au digital, n’existaient pas encore.
Portefeuilles de cryptomonnaies
Pour le fondateur de cette nouvelle école, le métavers serait un marché émergent dont «il faut pouvoir former les futurs ingénieurs». S’il existe déjà des formations de ce type en Inde ou en Allemagne, il avance qu’il s’agit «de cursus courts qui ne proposent pas de certification professionnelle» contrairement au Metaverse College, où la scolarité pourra s’étendre sur un an, pour une formation courte, ou sur cinq ans, pour un cycle complet. Les frais de scolarité iront de 6 500 à 8 500 euros l’année dans cet établissement rattaché au Collège de Paris (un groupement d’établissements d’enseignement supérieur et d’organismes de formation professionnelle). Et pourront monter jusqu’à 10 000 euros «dans le cas de spécialisations intensives qui demandent plus de ressources», précise encore Ridouan Abagri.
Pour l’heure, lui et son équipe en sont au recrutement des divers formateurs – des salariés de la plateforme virtuelle The Sandbox feraient d’ores et déjà partie de l’équipe – mais sont aussi en discussion avec des entreprises, comme le groupe de grande distribution Carrefour, la société de télécommunications chinoises Huawei, le cabinet d’experts Maestria Blockchain ou la start-up Ipocamp, plateforme de protection d’œuvres créatives grâce aux portefeuilles de cryptomonnaies, qui pourraient participer à l’animation de cours spécialisés. Reste à savoir si le métavers et les outils qui l’accompagnent (NFT, cryptomonnaies, etc.) seront encore d’actualité dans les années à venir…