Menu
Libération
Cimetières connectés

J’irai scanner un QR Code sur votre tombe

Fondée par une Bretonne et un Francilien, une société propose de fleurir les cimetières de carrés pixelisés à la mémoire des défunts. Un exemple de service funéraire connecté amené à se répandre ?
Dans un cimetière à San Salvador, en octobre. (Sthanly Estrada/AFP)
publié le 14 décembre 2021 à 18h07

Depuis presque deux ans, le QR Code, technologie d’origine japonaise longtemps jugée anodine, s’est immiscé un peu partout dans notre vie. Bien avant la crise sanitaire, on en trouvait certes sur les billets électroniques (pour prendre le train, entrer dans une salle de concert, etc.) ; mais désormais le quick response code permet d’enrichir d’informations les expositions des musées, remplace la carte du menu dans de nombreux bars et restaurants, ou trace la provenance de certains produits au supermarché. Bref, le QR Code étend son emprise… jusqu’au cimetière.

Car, oui, une société, moitié bretonne, moitié francilienne, propose depuis peu aux proches de défunts de faire apposer un petit carré pixélisé sur leurs sépultures pour permettre aux visiteurs d’en apprendre plus sur les morts. L’idée commercialisée (pour 97 euros) par Auctus Vitae n’est pas neuve, elle a même déjà été éprouvée il y a une dizaine d’années par une entreprise poitevine ou, à l’étranger, dans des cimetières américains ou catalans pour s’y repérer. Mais à l’époque le QR Code n’avait pas la cote actuelle. «D’autres sociétés y ont pensé, mais les gens ou le marché n’y étaient pas prêts», explique à Libération Catherine Lobrichon, 62 ans, la Vannetaise derrière ce service funéraire augmenté. Avant d’avoir les honneurs de la presse locale, elle a travaillé à ce projet avec un informaticien, Olivier Gousseau. «Un cimetière, c’est d’abord un lieu de recueillement, dit-elle encore. Mais il devient aussi un lieu de promenade, comme au Père-Lachaise. Ce support permet de faire revivre les morts et de leur faire honneur. Il y a aussi un intérêt culturel.»

«Montrer la généalogie et faire livre des fleurs»

Le principe, testé en Vendée et à Jouars-Pontchartrain, dans les Yvelines, raconte le Parisien, n’a également rien de révolutionnaire : un QR Code adhésif est positionné sur un caveau ou une pierre tombale (quelle que soit sa matière, en granite ou en marbre). Une fois flashé grâce à un smartphone, il redirige l’utilisateur vers l’interface d’Auctus Vitae où la famille d’un défunt peut stocker jusqu’à deux gigaoctets de textes, de sons ou d’images, qu’elle peut réserver aux proches en possession d’un mot de passe. «Cela permet de présenter un ancêtre, de mettre en valeur son travail ou de montrer la généalogie de la famille. On prévoit bientôt une fonctionnalité pour faire livrer des fleurs sur la tombe», poursuit Catherine Lobrichon, spécialisée dans la numérisation des supports audiovisuels en parallèle de cette activité de création de mausolées.

Dystopique ? Non, juste le monde augmenté d’aujourd’hui. Cela fait déjà une dizaine d’années que le monde funéraire mise sur les nouvelles technologies pour étoffer son offre. Un peu partout en France, des municipalités, comme Eu (Seine-Maritime), Vannes (Morbihan), Bethunes (Pas-de-Calais) ou la principauté de Monaco, font appel à des entreprises pour connecter leurs cimetières. En installant des bornes à leur entrée pour chercher l’emplacement d’une sépulture à partir du nom défunt, notamment. Un moyen de faciliter la vie des visiteurs, des services administratifs (qui veulent repérer les concessions à l’abandon) et des livreurs de gerbes.