Le secret de la séduction ? Etre de gauche. C’est en tout cas ce que révèle une récente étude, publiée en avril par les chercheurs en sciences politiques Stuart Turnbull-Dugarte et Alberto Lopez Ortega dans le Journal of Politics (1). Au Royaume-Uni, les utilisateurs des applications de rencontre avec le plus de succès sont ceux proches des idées du Parti travailliste, des écologistes ou encore des sociaux-démocrates. Au grand dam des célibataires plus à droite, électeurs du Parti conservateur ou de Reform UK, à l’extrême droite de l’échiquier politique britannique.
Des célibataires jeunes en recherche de similitudes
Pour les deux chercheurs, le résultat qui s’est appuyé sur les réactions de 2 000 célibataires face à des faux profils (images et biographies) générés par l’IA n’est pas si étonnant. Les utilisateurs qui cherchent à faire des rencontres amoureuses et sexuelles via des applications telles que Tinder, Hinge, Grindr, Bumble, sont bien plus jeunes que le reste de la société. Le phénomène n’est pas nouveau : plus un individu est jeune, plus il se situe politiquement à gauche. Ainsi, la masse de gens de gauche est tout simplement plus importante que les gens de droite.
S’ajoute à cela que les célibataires préfèrent, à choisir, rencontrer quelqu’un sur la même longueur d’ondes politique qu’eux. N’en déplaise à l’arc républicain – de la gauche à LR - voulu par Macron lors des dernières élections législatives : s’il y a un écart, il vaut mieux qu’il ne franchisse pas la frontière gauche-droite. «Les électeurs conservateurs sont bien plus heureux de fréquenter un électeur de Reform UK que quelqu’un ayant voté pour le Parti travailliste», tranche Stuart Turnbull-Dugarte dans un article du Guardian publié ce lundi 19 mai. Rassurons-nous, selon le professeur de l’université de Southampton, «il ne s’agit pas de tomber amoureux de l’extrême droite, mais plutôt de permettre aux électeurs conservateurs de se sentir plus à l’aise en sortant avec quelqu’un qui n’est pas du camp idéologique opposé».
Moins d’utilisateurs
Néanmoins, cette étude qui s’est appuyée des personnes âgées de 18 à 40 ans au Royaume-Uni, mais aussi en Espagne, révèle un point étonnant. Au Royaume-Uni, les électeurs de Reform UK «ont plus de chances - quatre points de plus - de réussir sur le marché des rencontres que les partisans conservateurs», pointe le second Alberto López Ortega, chercheur invité à Harvard, toujours dans The Guardian. Alors même qu’ils ont des opinions plus à droite que les conservateurs. Rencontrer un électeur d’extrême droite n’est donc plus «inacceptable», commente-t-il, parlant d’une forme de «normalisation».
Un avantage qui reste à mesurer puisque, comme le précise l’article britannique qui se réfère à des données collectées par l’autorité régulatrice des télécommunications britannique en février, les applications de rencontre perdent de leur attraction. Chacune voit son nombre d’utilisateurs baisser, à l’image de Tinder qui recensait, en mai 2024, 600 000 comptes de moins qu’un an auparavant.