Menu
Libération
Selon une étude

Les électeurs de gauche au Royaume-Uni ont la cote sur les applications de rencontre

Une étude universitaire publiée au mois d’avril met la lumière sur les attentes politiques des utilisateurs des applis de rencontre. Mieux vaut des opinions similaires, et être de gauche.
(Alicia Windzio/DPA Picture-Alliance. AFP)
publié le 20 mai 2025 à 6h50

Le secret de la séduction ? Etre de gauche. C’est en tout cas ce que révèle une récente étude, publiée en avril par les chercheurs en sciences politiques Stuart Turnbull-Dugarte et Alberto Lopez Ortega dans le Journal of Politics (1). Au Royaume-Uni, les utilisateurs des applications de rencontre avec le plus de succès sont ceux proches des idées du Parti travailliste, des écologistes ou encore des sociaux-démocrates. Au grand dam des célibataires plus à droite, électeurs du Parti conservateur ou de Reform UK, à l’extrême droite de l’échiquier politique britannique.

Des célibataires jeunes en recherche de similitudes

Pour les deux chercheurs, le résultat qui s’est appuyé sur les réactions de 2 000 célibataires face à des faux profils (images et biographies) générés par l’IA n’est pas si étonnant. Les utilisateurs qui cherchent à faire des rencontres amoureuses et sexuelles via des applications telles que Tinder, Hinge, Grindr, Bumble, sont bien plus jeunes que le reste de la société. Le phénomène n’est pas nouveau : plus un individu est jeune, plus il se situe politiquement à gauche. Ainsi, la masse de gens de gauche est tout simplement plus importante que les gens de droite.

S’ajoute à cela que les célibataires préfèrent, à choisir, rencontrer quelqu’un sur la même longueur d’ondes politique qu’eux. N’en déplaise à l’arc républicain – de la gauche à LR - voulu par Macron lors des dernières élections législatives : s’il y a un écart, il vaut mieux qu’il ne franchisse pas la frontière gauche-droite. «Les électeurs conservateurs sont bien plus heureux de fréquenter un électeur de Reform UK que quelqu’un ayant voté pour le Parti travailliste», tranche Stuart Turnbull-Dugarte dans un article du Guardian publié ce lundi 19 mai. Rassurons-nous, selon le professeur de l’université de Southampton, «il ne s’agit pas de tomber amoureux de l’extrême droite, mais plutôt de permettre aux électeurs conservateurs de se sentir plus à l’aise en sortant avec quelqu’un qui n’est pas du camp idéologique opposé».

Moins d’utilisateurs

Néanmoins, cette étude qui s’est appuyée des personnes âgées de 18 à 40 ans au Royaume-Uni, mais aussi en Espagne, révèle un point étonnant. Au Royaume-Uni, les électeurs de Reform UK «ont plus de chances - quatre points de plus - de réussir sur le marché des rencontres que les partisans conservateurs», pointe le second Alberto López Ortega, chercheur invité à Harvard, toujours dans The Guardian. Alors même qu’ils ont des opinions plus à droite que les conservateurs. Rencontrer un électeur d’extrême droite n’est donc plus «inacceptable», commente-t-il, parlant d’une forme de «normalisation».

Un avantage qui reste à mesurer puisque, comme le précise l’article britannique qui se réfère à des données collectées par l’autorité régulatrice des télécommunications britannique en février, les applications de rencontre perdent de leur attraction. Chacune voit son nombre d’utilisateurs baisser, à l’image de Tinder qui recensait, en mai 2024, 600 000 comptes de moins qu’un an auparavant.

(1) Stuart James Turnbull-Dugarte, Alberto López Ortega, «Far Right Normalization & Centrifugal Affect. Evidence from the Dating Market», Journal of Politics publié le 27 avril 2025.