Menu
Libération
Au chaud

Pleins feux sur le poêle à bois

Pour réduire leurs dépenses en chauffage mais aussi être plus vertueux sur le plan écologique, de plus en plus de Français renouent avec ce dispositif traditionnel, et en écho, l’offre se diversifie.
La hausse des tarifs de l'électricité incite à s'équiper de systèmes moins gourmands en énergie. (PHANIE)
publié le 18 décembre 2021 à 10h00

A l’approche des longues soirées d’hiver, il est temps de se pencher sur les manières de se chauffer tout en respectant l’environnement... et son portefeuille. Valérie, quadragénaire au revenu modeste qui vit en Champagne Ardennes, vient d’investir dans un poêle à bois : «Les aides de l’Etat m’ont confortée dans ma décision de sauter le pas pour cet achat. Pour des raisons économiques bien sûr, mais aussi pratiques. C’est le meilleur plan pour se chauffer.» Comme elle, de plus en plus de Français optent pour un poêle à bois ou à granulés pour se chauffer à moindre coût. L’augmentation des tarifs réglementés de l’électricité de 0,48% le 1er août, et de 50% depuis dix ans selon l’INSEE, les pousse à s’équiper de systèmes plus performants et moins gourmands en énergie. Et parmi eux, le chauffage au bois, un temps désuet, retrouve peu à peu sa place au milieu des salons.

Axel Richard, chargé de mission bois domestique au Syndicat des énergies renouvelables (SER) nous indique ainsi que les ventes d’appareils aurait augmenté de plus de 30% au premier semestre 2021 par rapport à 2019, d’après une étude interne auprès des fabricants de poêle à bois. La Fédération des services énergie environnement (Fedene) recense, elle, environ 7 millions de foyers désormais équipés d’un poêle à bois à bûches ou à granulés. Sachant que le dispositif «MaPrimeRénov» lancé en juillet dernier en remplacement du Crédit d’impôt pour la transition énergétique (Cite), a permis à 410 000 foyers modestes de financer l’achat d’un poêle à bois à hauteur de 2 400 euros, et jusqu’à 3 000 euros pour un poêle à granulés – dont le prix oscille entre 3 000 et 6 000 euros, pose comprise.

Limiter la pollution atmosphérique

«Un appareil récent va émettre dix fois moins de particules fines qu’un foyer ouvert, souligne Emilie Machefaux, cheffe du service Forêt, alimentation et bioéconomie à l’Agence de la transition écologique (Ademe). Pour limiter la pollution atmosphérique, le gouvernement a mis en place des dispositifs de soutien en vue d’accélérer le renouvellement du parc chauffage existant sans ruiner davantage les ménages, et les primes peuvent se cumuler.» Par ailleurs, la prime énergie CEE (890 euros pour les ménages modestes, 505 euros pour les autres) a aussi incité les Français à remplacer leurs équipements vieillissants pour un rendement plus écologique. Quant au fonds Air Bois financé par les régions et l’Ademe, il permet de remplacer un ancien appareil de chauffage au bois.

Mais l’intérêt du consommateur est aussi écologique. Franck Sentier, délégué général de la Fédération des agences locales de maîtrise de l’énergie et du climat (Alec) l’assure, «il y a une prise de conscience générale des particuliers sur le climat, et le bois représente une ressource naturelle respectueuse de l’environnement, permet de limiter les gaz à effet de serre et n’émet que peu de CO2, même si l’isolation est aussi importante et reste primordiale». Sans compter que les confinements ont dopé l’envie de se mettre au vert. «Certains récupèrent du bois dans la forêt à proximité de leur domicile et l’utilisent pour se chauffer, même s’il est important de le faire sécher. Une façon ludique et écologique de consommer autrement et à moindre coût», complète Guillaume Thierry, directeur de la boutique du Poêle à bois à Six-Fours-les-Plages (Var).

Des poêles à modules wifi

Les grandes surfaces de bricolage ont évidemment capté la tendance. Leroy Merlin, leader mondial du marché du bricolage, propose d’aider les clients à s’y retrouver parmi les multiples formulaires de demandes d’aide, et avance les frais selon le niveau de revenu. Et pour séduire davantage de ménages, les fabricants proposent désormais des modèles plus design. «Il y avait une attente de styles nouveaux, de looks plus modernes, avec des formes innovantes, des couleurs vivantes et une vision du feu plus importante», explique Jérémy Bouchon, responsable du marketing et du développement export du fabricant Invicta, leader des poêles à bois à bûches.

Imaginé par le designer Bernard Dequet, le poêle «le Brio» est par exemple rehaussé sur une colonne centrale en fonte, tandis que le «Kazan Zen», avec ses pieds de table en bois, épouse une forme de téléviseur des années 50. Le modèle «Tipi» est, lui, inspiré de l’habitation traditionnelle des autochtones des plaines d’Amérique du Nord. «L’idée de ces créations était d’amener de la poésie, indique Bernard Dequet. C’est essentiel de raconter une histoire qui parle au plus grand nombre, et la fonte permet d’imaginer de nouvelles formes plus libres, plus innovantes.» Et pour séduire une clientèle toujours plus adepte de la technologie, le poêle à granulés peut s’équiper de modules wifi, et être réglé à distance depuis son smartphone.