A chaque bruit de verre brisé, la foule exulte. En pleine célébration du Nouvel An lunaire dans le quartier chinois de San Francisco en Californie, samedi 10 février, un attroupement euphorique s’agite autour d’un véhicule vide. Dans la meute, deux camps : ceux qui filment béatement et ceux qui cognent férocement. Ivre, un jeune homme encapuchonné brandit une planche de skate et l’abat avec fracas sur le pare-brise. Un autre poignarde les vitres à coups de tige en métal. Soudain, une explosion retentit. Feux d’artifice et pétards achèvent la mise à mort de la voiture qui s’embrase.
happening NOW in SF. Waymo car vandalized & lit on fire 🤯@sfchronicle pic.twitter.com/OEZYFiy6mv
— Michael Vandi (@michael_vandi) February 11, 2024
Des semaines ont défilé depuis l’incendie, relayé sur les réseaux sociaux. Mais sous les lanternes asiatiques du quartier, il enflamme toujours les conversations. Tout en rabrouant une bande d’ados négociant le prix de trois porte-clés, Yvonne Lin, commerçante depuis trente ans, raconte avec de grands gestes : «Les gens sautaient en criant “du feu, du feu, du feu !”, ils étaient contents. On entendait des grands “boum boum boum”, les jeunes frappaient la voiture.» La raison d’un tel acharnement ? Elle l’ignore. A vrai dire, personne ne la connaît vraiment. Pourtant, dans les médias, l’événement a été érigé en symbole : celui du premier soulèvement de l’humain contre la machine. Ou, moins grandiloquent, du ras-le-bol des habitants de San Francisco à l’égard des robotaxis.
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