Schefflera : on ne connaissait pas ce petit arbuste, aussi surnommé arbre-ombrelle ou arbre-parapluie. Poussé par notre curiosité végétale, on a donc demandé à Isa 92, géolocalisée à 6 kilomètres de notre domicile parisien, d’en savoir un peu plus sur cette «plante d’intérieur pas fragile mais qui [l]’encombre». Mais l’utilisatrice de Meet for Branch, une application dédiée au troc de plantes vertes, ne nous a toujours pas répondu. Pas de pot : en région parisienne, les annonces pour échanger des végétaux (plants, boutures, graines) sont quasi nulles sur cette nouvelle née pour smartphone, un petit millier d’inscrits au compteur. En revanche, du côté de Lille, où la plateforme a été lancée à la fin de l’été dernier par deux habitants de Croix (Nord), les possibilités de troc sont beaucoup plus alléchantes. A portée de clics, des incontournables des intérieurs végétalisés contemporains : monstera, pilea et autres chlorophytum.
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«J’ai accumulé beaucoup de plantes pendant la pandémie. J’ai voulu les échanger ou les donner et j’ai trouvé en ligne une grande communauté d’amateurs, sur Facebook ou Reddit», narre Claudette Avis, 38 ans, la fondatrice de Meet for Branch. Et l’ancienne hôtesse de l’air d’ajouter : «J’ai voulu améliorer le processus d’échange avec une application mobile. Mon mari est développeur, ça tombait bien. On a privilégié le don et l’échange car c’est plus solidaire. C’est aussi un moyen de tester l’idée.» Meet for Branch n’est pas la première application dédiée au troc de plantes vertes. Ces dernières années, surfant sur la folie des urbains pour les plantes (tropicales) d’intérieur – on exagère à peine –, plusieurs applications françaises ont tenté ou tentent d’organiser l’échange, le don voire la vente entre particuliers de végétaux sur une plateforme idoine.
Gratuité et qualité
Citons : Junglit, «vinted» montpelliérain des végétaux né durant la crise sanitaire et sur le point de mettre la clé sous la porte, ou Houba, imaginée par deux amies passionnées, Julie Faganello et Léane Quernec, mais encore en phase de développement. Il faut dire que le troc de végétaux, semences ou plants, est vieux comme l’invention de l’agriculture. Partout en France, des bourses aux plantes, graines ou boutures sont d’ailleurs fréquemment organisées au printemps ou à l’automne pour réunir les jardiniers amateurs ou militants. Sans oublier les grainothèques ou bouturothèques physiques qui ont pignon sur rue dans les bibliothèques ou médiathèques hexagonales pour troquer semences oubliées et jeunes pousses clonées. Or avec l’essor des réseaux sociaux, ces communautés ont trouvé en ligne un terrain de jeu élargi pour partager leurs bons conseils, dénicher des spécimens rares ou compléter leur collection en toute gratuité.
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Sur Facebook, où les groupes de troc à l’instar de «Troque ta plante» pullulent, mais aussi sur le Bon Coin ou l’application de don solidaire Geev. Mais pourquoi s’échanger ou donner des plantes ? «Déjà, c’est gratuit, reconnaît par exemple Julien, 27 ans. Ensuite, je trouve que les plantes sont de meilleures qualités que celles que tu achètes dans des boutiques et qui très souvent meurent.» Le journaliste, qui a troqué cinq ou six plantes sur le Bon Coin, Geev ou des groupes Facebook depuis son installation à Paris, valorise le caractère non marchand du troc qui permet entre autres techniques de faire croître sa jungle à la maison. Mais pas encore sur une application dédiée. «Ça coûte moins cher, c’est un moyen de faire de l’économie circulaire tout en rencontrant les personnes avec qui vous partagez votre passion», vante pour sa part Claudette Avis, de Meet for Branch. On fait nous le vœu qu’Isa 92 nous réponde enfin.