«Un nouveau navigateur pour parcourir le Web en compagnie de ChatGPT». Voici comment OpenAI, maison mère de l’agent de conversation et phénomène mondial ChatGPT, décrit son dernier-né, un moteur de recherche dopé à l’intelligence artificielle. Révélé mardi 21 octobre, l’outil à l’interface minimaliste rappelle d’autres navigateurs internet mais présente des fonctionnalités ajoutées : conversations avec l’IA pour affiner sa recherche, réservations effectuées au nom de l’utilisateur… Les nouveaux usages de ChatGPT Atlas – qui ne sera disponible pour l’instant que sur MacOS, puis «bientôt» sur Windows et sur mobile iOS et Android – témoignent du franchissement d’une nouvelle étape dans la course d’Open AI contre les autres géants du numérique.
«Un véritable super assistant»
L’entreprise créée par Sam Altman propose ainsi à ses utilisateurs une assistance tout-terrain. «ChatGPT Atlas est un navigateur conçu avec ChatGPT qui vous rapproche d’un véritable super assistant, capable de comprendre votre univers et de vous aider à atteindre vos objectifs», explique OpenAI dans son communiqué de présentation. Avec Atlas, l’utilisateur n’aura par exemple plus besoin de passer d’une page à une autre ou de copier-coller un texte : ChatGPT anticipera les demandes et les actions. «ChatGPT Atlas comprend votre contexte», en s’appuyant sur «votre historique de navigation, vos pages ouvertes et les sites sur lesquels vous êtes connecté», assure l’entreprise.
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Une autre technologie, baptisée ChatGPT Agent, a aussi été intégrée au navigateur. Suivant les habitudes de l’utilisateur, il permet par exemple de remplir des formulaires, de réserver un restaurant ou encore de compléter un tableur en accédant à des informations en ligne. Face à ces nouvelles fonctionnalités, voulues au plus près des besoins de l’internaute, Open AI a anticipé les inquiétudes concernant la confidentialité des données. L’entreprise précise que l’historique servant à mémoriser «les éléments de contexte» en liant plusieurs recherches peut être désactivé à tout moment, et que les internautes ont la possibilité d’ouvrir une fenêtre de navigation privée qui déconnecte ChatGPT.
Des garde-fous qui peinent à convaincre
Si ces précisions se veulent rassurantes, il est nécessaire de les replacer dans un contexte de méfiance des experts à l’égard des données compilées par ChatGPT. Antoine Boutet, enseignant-chercheur à l’Insa de Lyon, et Alexis Léautier, ingénieur à la Cnil, tous deux spécialistes de l’intelligence artificielle, expliquaient en janvier 2024 dans les colonnes de The Conversation que le robot avait déjà révélé certaines informations personnelles sur ses utilisateurs. Des données confidentielles saisies par un utilisateur pourraient aussi resurgir accidentellement dans la réponse donnée à un autre.
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Le fonctionnement de ChatGPT, réutilisant les contenus des sites internet, interroge également. Selon une vaste étude publiée ce mercredi 22 octobre par les radios et télévisions publiques européennes, plus de 45 % des réponses d’assistants IA, dont ChatGPT, comporteraient «au moins un problème important». Approximations, erreurs factuelles, sources peu fiables… L’omniprésence du robot et de son filtre sur les plateformes pose inévitablement la question de la crédibilité à accorder aux résultats proposés par Atlas.
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Malgré ces mises en garde, selon les estimations d’OpenAI, l’agent conversationnel comptait 800 millions d’utilisateurs hebdomadaires en 2025, soit une personne sur dix dans le monde. Avec ChatGPT Atlas, OpenAI renforce donc son offensive contre son principal concurrent, Google, qui tente tant bien que mal de battre la start-up à son propre jeu : pour s’adapter aux nouveaux usages, le géant de Mountain View a déjà commencé à déployer son propre assistant d’intelligence artificielle, Gemini, sur son moteur de recherche. Sans grande adhésion de la part des utilisateurs : avec 350 millions de visiteurs mensuels annoncés par l’entreprise en avril 2025, Gemini peine à fédérer.