On les appelle «Yahoo boys» ou «419» au Nigeria, «feymen» au Cameroun, «gaymans» au Bénin, «brouteurs» en Côte-d’Ivoire… Les arnaqueurs sentimentaux (romance scammers) sont souvent des jeunes célibataires africains, sans perspective de travail, qui rêvent de devenir des stars dans l’art d’illusionner les «mougous» (pigeons). Leurs cibles de prédilection sont des célibataires occidentaux, âgé·e·s de 54 à 62 ans. Dans un ouvrage intitulé le Brouteur galant (UV éditions), fruit d’une enquête menée dans les quartiers populaires d’Abidjan, la curatrice et anthropologue Valentina Peri expose les documents secrets qui permettent aux cybercriminels d’embobiner leurs proies. Sous quelles identités d’emprunt se présentent-ils ? Quelles sont leurs stratégies de séduction ?
L’ouvrage se penche également sur une énigme : pourquoi tant d’escrocs à la romance sont-ils basés en Afrique de l’Ouest ? «Le phénomène commence au Nigeria, un pays réputé pour ses nombreuses arnaques. C’est également au Nigeria qu’est adoptée une des premières lois contre le cybercrime, la loi 419, dans les années 2000. La répression judiciaire devient alors si dure qu’elle force de nombreux arnaqueurs nigérians à émigrer et exporter leurs business vers des pays voisins : Bénin, Ghana, Cameroun et Côte-d’Ivoire, notamment», explique Valentina Peri à Libération.
En 2022, Valentina Pe