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Libération
Les 400 culs

«Bops» versus «bruzz» : «putes» ou «potes», le message réducteur d’une guerre entre maisons d’influenceurs sur TikTok

Sous couvert d’un faux conflit, des créateurs de contenus adoptent des néologismes sexistes pour contourner la censure des réseaux. Analyse du phénomène avec Adam Aleksic, spécialiste de l’algospeak, l’argot des médias sociaux.

Réunies dans une villa de luxe à Miami en Floride depuis décembre 2024, Bop house, huit stars de la plateforme OnlyFans ont 33 millions d'abonnés au total sur leurs plateformes.
Publié le 23/08/2025 à 10h23

Chaque semaine dans «les 400 culs», Agnès Giard, anthropologue rattachée à l’université de Paris Nanterre, spécialiste du Japon, passe les discours et les pratiques sexuelles contemporaines au crible d’une analyse sceptique et distanciée, nourrie par les dernières recherches en sciences humaines et sociales.

Oubliez les mots «catin», «garce» ou «racoleuse». Maintenant, on dit «bop». «Bop est devenu viral. La faute à cette guerre entre les deux maisons de contenu, Bop House et Bruzz House : elles ont enflammé les réseaux.» Interviewé par mail, Adam Aleksic, linguiste serbo-américain de 24 ans, diplômé de Harvard, s’enfièvre visiblement. Auteur du livre Algospeak (1), récemment publié en anglais (le 25 juillet, aux éditions Knopf), il tire la sonnette d’alarme : la censure en ligne, sur TikTok ou sur YouTube, favorise la multiplication de néologismes qui s’imposent maintenant hors ligne, et cela «n’a rien d’anodin», prévient-il.

L’émergence du mot «bop» dans la langue courante fournit la preuve – «encore une» –