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«Bops» versus «bruzz» : «putes» ou «potes», le message réducteur d’une guerre entre maisons d’influenceurs sur TikTok

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Sous couvert d’un faux conflit, des créateurs de contenus adoptent des néologismes sexistes pour contourner la censure des réseaux. Analyse du phénomène avec Adam Aleksic, spécialiste de l’algospeak, l’argot des médias sociaux.
Réunies dans une villa de luxe à Miami en Floride depuis décembre 2024, Bop house, huit stars de la plateforme OnlyFans ont 33 millions d'abonnés au total sur leurs plateformes.
publié aujourd'hui à 10h23

Oubliez les mots «catin», «garce» ou «racoleuse». Maintenant, on dit «bop». «Bop est devenu viral. La faute à cette guerre entre les deux maisons de contenu, Bop House et Bruzz House : elles ont enflammé les réseaux.» Interviewé par mail, Adam Aleksic, linguiste serbo-américain de 24 ans, diplômé de Harvard, s’enfièvre visiblement. Auteur du livre Algospeak (1), récemment publié en anglais (le 25 juillet, aux éditions Knopf), il tire la sonnette d’alarme : la censure en ligne, sur TikTok ou sur YouTube, favorise la multiplication de néologismes qui s’imposent maintenant hors ligne, et cela «n’a rien d’anodin», prévient-il.

L’émergence du mot «bop» dans la langue courante fournit la preuve – «encore une» – que les réseaux sociaux modifient les façons de parler. Ils bouleversent en profondeur notre rapport aux mots, surtout les mots du sexe, devenus tabous. On n’ose plus les prononcer. On les remplace par des euphémismes. «Prenez “bop”. Il y a encore quelques mois, personne ne connaissait l’expression», insiste Adam Aleksic.

Stars de la plateforme OnlyFans

S’il faut en croire le chercheur, qui consacre à «bop» une vidéo spécia