En 1959, le général de Gaulle s’étonne de voir sur son bureau une demande de changement d’état civil : qu’est-ce que c’est ? On lui explique qu’«un monsieur est devenu une dame». Un examen gynécologique l’atteste. Le Général s’écrie : «Depuis que le monde est monde, les garçons naissent dans les choux et les filles dans les fleurs. Cette personne-ci serait-elle née dans un chou-fleur ?» Invitée sur les plateaux télé à parler de son «changement de sexe» (suivant la formule de l’époque), Coccinelle racontait volontiers l’anecdote, sans que l’on sache très bien si c’était une plaisanterie.
Née J. Dufresnoy en 1931, re-née Jacqueline à l’âge de 28 ans, Coccinelle devient une icône. Elle est la première Française à assumer publiquement sa démarche de transition physique et sociale. Très vite, elle se retrouve à la table des plus grands, côtoie les milliardaires, fait des tournées dans le monde entier, remplit les salles de spectacle les plus prestigieuses et, surtout, donne l’exemple en s’affichant sans honte. Lorsqu’elle meurt d’un AVC en 2006, son héritage est immense. Il était temps qu’une biographie lui soit consacrée. C’est maintenant chose faite, sous la forme d’une bande dessinée – Coccinelle (la Boîte à bulles) –, fruit d’un travail collaboratif entre deux artistes italiens (la scénariste Gloria Ciapponi et le dessinateur Luca Conca) et le dernier mari de Cocci