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Dating

Contre les arnaques sentimentales, des applications de rencontre partent en campagne

Souvent décriés par leurs utilisateurs pour ne pas réellement les protéger des prédateurs en ligne, des outils de dating s’associent à un dispositif gouvernemental avec une campagne de sensibilisation aux arnaques amoureuses ce vendredi 3 octobre.

«Il y a une vraie non-éducation sur les réflexes à adopter», se désole Benjamin Puygrenier, porte-parole de Tinder en France. (Akhtar Soomro/Reuters)
Par
Hugo Taisne
Publié le 03/10/2025 à 6h00

«Faux Brad Pitt», «arnaqueur de Tinder»… Ces derniers mois, une série d’affaires ont permis de mettre en lumière un phénomène en pleine recrudescence : les arnaques sentimentales en ligne, et plus particulièrement via les applications de rencontre. La seconde a d’ailleurs fait l’objet d’un documentaire à succès sur Netflix il y a trois ans et le mis en cause, Simon Leviev, un Israélien de 34 ans, accusé de se faire passer pour un riche héritier afin de soutirer de l’argent à des femmes, a été arrêté le 15 septembre en Géorgie à la demande d’Interpol. Mais au-delà de coups de projecteur médiatiques, les cas sont en réalité loin d’être isolés.

Priées d’agir par des utilisateurs contre leur multiplication, des entreprises du dating se sont donc rapprochées des autorités compétentes. Ce vendredi 3 octobre, à l’occasion de la Journée mondiale de prévention des arnaques à l’amour, mais aussi du Cybermois 2025, le puissant groupe américain Match (regroupant entre autres Tinder, Hinge et Meetic) lance en France une campagne nationale de sensibilisation en partenariat avec France Victimes, fédération d’associations spécialisées dans l’aide aux victimes, et cybermalveillance.gouv.fr, un dispositif gouvernemental d’assistance aux victimes de cyber malveillance.

Ainsi, dès l’automne, les utilisateurs de ces applications verront apparaître deux encarts directement dans l’application. Le premier les redirigera vers le 17Cyber (numéro gratuit et disponible en 24/7), équivalent numérique de l’appel aux forces de l’ordre destiné à toutes les victimes d’infractions numériques, tandis que le second leur indiquera le numéro national d’aide aux victimes : le 116 006.

A titre d’exemple, aux Etats-Unis, cette forme de cybercriminalité engendre chaque année plusieurs millions de dollars de pertes pour les victimes selon la Federal Trade Commission (Commission fédérale du commerce). Au cours de l’année 2021, près de 547 millions de dollars avaient été captés dans ces «romance scams». En France, ce phénomène y est aussi répandu et hautement préjudiciable.

«Il faut déculpabiliser les victimes»

Les «brouteurs», nom donné à ces escrocs, utilisent les réseaux sociaux traditionnels ou bien les applications de rencontre pour piéger leurs cibles. En 2024, le 116 006 a reçu 957 appels pour des escroqueries sentimentales, soit près de trois appels par jour, un chiffre en forte hausse depuis cinq ans. Tandis que le groupe Match affirme supprimer en moyenne 44 profils frauduleux chaque minute sur toutes ses plateformes.

Outre la perte financière, les heurts sont également psychologiques. «Tout le monde peut être vulnérable à un moment de sa vie : il faut déculpabiliser les victimes, et les encourager à porter plainte», explique dans un communiqué Jérôme Moreau, porte-parole de la fédération France Victimes.

«Ce numéro [le 116 006, ndlr], ainsi que le 3919, [qui oriente les personnes victimes de violences sexistes et sexuelles] sont souvent trop méconnus. Il y a une vraie non-éducation sur les réflexes à adopter», se désole auprès de Libé Benjamin Puygrenier, porte-parole de Tinder en France. Aujourd’hui, en ciblant les mots suspects grâce à l’IA ou en proposant aux utilisateurs de vérifier les profils, certaines fonctionnalités permettent de répondre en partie à la cybermalveillance. Sans y faire face totalement.