«Tu devrais faire une pause et supprimer les applis. Ça te ferait du bien.» Le conseil, prodigué par des amis proches il y a plusieurs mois après une énième déconvenue sentimentale, nous a d’abord contrarié. Comment ça ? Quitter les applis alors qu’on a bien besoin d’un peu de réconfort en discutant avec des inconnus en vue d’une éventuelle rencontre ? Jamais de la vie ! Et puis l’idée a fait son chemin, moyennant quelques aménagements et mouvements contraires. C’est vrai que depuis notre dernière grande relation il y a plus d’un an, on n’a pas arrêté, enchaînant les plans cul, les amours d’un soir, de quelques jours ou les relations bancales de quelques semaines, sans vraiment prendre le temps de souffler.
Dans cette quête d’une histoire amoureuse fonctionnelle, les applis, auxquelles on a un recours intermittent depuis une douzaine d’années, étaient de fidèles compagnes, nous évitant ainsi d’être seul. Mais tout aussi bien des machines à fantasme, tantôt boostant notre estime, tantôt la rabaissant, au gré de nos pérégrinations virtuelles. D’ailleurs, la plupart de nos dernières micro-relations sont nées IRL («in real life») : en soirée, sur les lieux de vacances ou en festival. Alors, dans un premier temps, ciao Tinder, où l’on privilégie de rares dates à destinée romanti