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Témoignage

Des ours gays et bien léchés : «Si tu es efféminé, grassouillet et racisé, tu ressens vraiment que tu es tout en bas de la pyramide»

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Pour «Libé», des bears clament leur fierté d’appartenir à cette communauté qui revendique ses poils et ses formes. Dans notre troisième épisode, Fred, 35 ans, communicant à Saint-Denis.

(Khosrork/Getty Images)
ParFlorian Bardou
Chef de service adjoint - Modes de vie
Publié le 08/05/2024 à 10h34

«On est gros, on est pédés, on est des gros pédés !» clament-ils en manif. A l’occasion de la semaine de la «fierté ours», les bears francophones, sous-communauté homosexuelle, célèbrent en ce début mai les 25 ans de leur tanière parisienne à la lisière du Marais, le Bears’ den (IVe arrondissement). Et il y a de quoi envoyer du lourd.

«J’ai grandi dans les années 90 et les canons de beauté masculins, c’était Brad Pitt et Tom Cruise, les deux beaux mecs auxquels il fallait ressembler. J’ai ensuite compris que j’aimais les garçons et la première chose que je me suis dit est que je ne leur ressemblais en rien. Ils étaient hétéros et blancs. J’étais homo et réunionnais, d’ascendance malgache. Et puis, j’ai toujours été épais, disons de grosse corpulence. Donc à l’adolescence, je me suis senti encore plus anormal, face à ces corps fitness de boys band. Ensuite, en découvrant le monde gay, j’ai été confronté aux représentations gays classiques du mec blanc, jeune, imberbe et musclé. Donc je me suis construit en me disant que j’étais moins bien que les autres garçons et moins bien que les autres garçons gays.

«Je devais avoir 20 ans quand a vraiment démarré ma sexualité, soit un peu plus tard que la norme. Et à l’époque je n’avais pas du tout connaissance de l’univers bear. Ce n’est qu’en arrivant à Paris, après mes études à Lyon, que j’ai découvert les bars et toutes les typologies. Il y a quelques années, juste avant la trentaine, je suis tombé amoureux d’un me