Dans les années 70, Alexander Schauss, un psychologue suisse, réalise une série de travaux sur les effets tranquillisants du rose. Il met au point une nuance de rose capable, affirme-t-il, de diminuer le rythme cardiaque et la tension artérielle. En 1979, il persuade deux officiers d’un centre correctionnel à Seattle d’utiliser cette couleur pour peindre une cellule et propose, en remerciement, de donner leur nom à ce rose : le Baker-Miller Pink (BMP). L’expérience consiste à faire passer tous les nouveaux détenus dans cette pièce agissant comme un sas de décompression. Schauss affirme que quinze minutes d’exposition au BMP suffisent pour que «le niveau d’agressivité baisse, sans usage de la force, ni de calmants». Sa méthode se popularise. D’autres prisons et même des postes de police, aux Etats-Unis et en Suisse, se dotent de chambres roses et de cellules «d’apaisement». On y place de préférence les personnes agitées. La méthode est-elle efficace ? «Pas vraiment, réfute le chercheur Kévin Bideaux. Après le choc de se voir enfermé dans une cellule rose, les prisonniers reviennent à un niveau de violence initial, voire deviennent plus violents.»
Rose de la honte
Artiste et chercheur en études de genre, membre du Laboratoire d’études de genre et de sexualité, Kévin Bideaux travaille depuis quinze ans sur la valeur stigmatisante du rose : en Occident, explique-