Depuis qu’elle est toute petite, Kathleen, 43 ans, photographe à Rennes, s’est toujours sentie timide. «Quand on me pose une question, quand on me fait un compliment et que je ne m’y attends pas, quand je suis prise de court, quand une question inattendue vient de quelqu’un que je ne connais pas, je peux me mettre à rougir très fort», commence-t-elle. Toutes les situations qui la mettent au centre de l’attention lui sont pénibles. Ado, être interrogée par un professeur était une véritable torture. Adulte, elle redoute de devoir faire un «tour de table», et développe plusieurs stratagèmes pour cacher ses joues empourprées : mettre ses cheveux devant son visage, regarder par terre, quitter la pièce, prendre l’air à la fenêtre… Dans les situations de drague, c’est pire : «Je me débrouille pour que la personne ne le voie pas. Mais elle le voit !» Forcément, toutes ses interactions sociales sont difficiles, au point où elle vit son rougissement comme un véritable handicap. Seul le travail, une fois derrière son objectif, lui laisse un peu de répit. Si Kathleen a tenté plusieurs fois de consulter, sans succès, un événement est venu la bousculer : «J’ai une fille d’un an, et quand on a fêté son anniversaire à la crèche, elle s’est mise à rougir et à se cacher dans mes cheveux. Exactement comme je le fais. Or, je ne veux pas qu’elle vive ce calvaire.»
Pourquoi le corps se met-il parfois, soudain, à s’emballer ainsi, trahissant à l’extérieur les émotions le