Avec quelque 130 courts métrages, six longs métrages et séries réalisés, pour autant de vidéos produites, la Suédoise Erika Lust n’en finit pas de grandir depuis la création, en 2004, de sa société de films pour adultes indépendants qui porte son nom. L’entrepreneuse à la tête d’une entreprise de 50 employés, installée à Barcelone (Espagne), revient sur vingt ans d’ardente promotion d’un porno alternatif, féministe et éthique.
Votre tout premier court métrage, The Good Girl (la Gentille Fille) fête cette année son vingtième anniversaire. Quel regard portez-vous sur lui aujourd’hui ?
La réalisation était tellement immature ! (rire) Je n’étais techniquement pas du tout prête. Je venais de terminer mes études en sciences politiques. Jusque-là, le porno que j’avais vu provenait d’un regard exclusivement masculin. J’avais envie de montrer une autre perspective, celle d’une femme. L’esprit était déjà là, la connexion entre les performers – terme que je préfère à «acteurs» – visible… J’en reste très fière.
Depuis, comment l’industrie porno a-t-elle évolué ?
Plus de femmes ont accédé à des postes importants, même si elles restent très minoritaires. Il y a surtout eu un phénomène de concentration autour des principaux canaux [les sites Pornhub, Redtube et YouPorn appartiennent à la même société, MindGeek, ndlr]. Les performers ont de leur côté plus de pouvoir depuis qu’ils peuvent être connectés directement avec leur audience