Ça boit – beaucoup de bière –, ça papote en petit comité et, surtout, ça mate à fond. Mais ici, au Bears’ den («la tanière des ours» en français), de part et d’autre de la rue des Lombards (IVe arrondissement), au numéro 6 plus exactement, on se fiche des apparences – ou alors, on kiffe d’autres reliefs. Disons qu’on vient dans ce bar gay à la lisière du Marais, doté d’une backroom au sous-sol, car on aime les hommes bien en chair, leurs barbes fournies ou leurs torses velus. «Dans ce bar, tu vois tous les physiques et tu n’es pas jugé», nuance Manu, pinte à la main, qui colle plus à l’esprit des bears qu’à leur stéréotype. Nous sommes un soir de jour férié et, avec la foule de clients des beaux jours, il y a de quoi se lécher les babines en terrasse.
«C’est certes un bar, mais aussi un lieu de drague où tu consommes sur place. Et ce soir c’est fortement fréquenté», observe le graphiste, 57 ans. Il est avec son mari et sa bande de potes un habitué des lieux, repaire de la communauté ours française depuis 1999. Né aux Etats-Unis dans les années 70 au sein du monde gay californien, le mouvement bear est le fait d’hommes qui revendiquent leurs poils ainsi que leurs formes et qui aiment les hommes comme tels. Une communauté dans la communauté, présente de part et d’autre de l’Atlantique, avec ses b