Lunettes noires, crâne rasé de bagnard et blouson… Joe joue volontiers au mauvais garçon, mais qui pourrait s’y laisser prendre ? Né en mars 1984, à l’hôpital de la Roseraie, à Aubervilliers, en banlieue nord de Paris, ce «gosse du 9-3» a fait sa vie au Japon, d’où il diffuse des reportages au succès grandissant. La première rencontre a lieu lors d’un atelier photo qu’il organise à Tokyo pour une poignée d’amateurs et d’amis. Il s’agit, en sa compagnie, d’apprendre à «photographier comme Daido Moriyama», un artiste que Joe révère. «D’ailleurs, je l’ai rencontré ! Je l’ai croisé, un jour, qui mitraillait les gens en douce dans le quartier de Ginza… Ni une ni deux, je lui demande “Vous êtes monsieur Moriyama ? Je peux prendre des photos avec vous ?” Et pendant quarante-cinq minutes, on faisait des portraits volés.»
Drague de rue
Quand Joe prononce le mot «volés», sa voix s’infléchit. Il prend l’air roublard, celui d’un bandit charmeur qui s’excuse par avance de vous faire les poches. Il avoue : «Mon père était dans la pègre, il a connu Mesrine. J’ai grandi en pensant que je ne serais jamais