Chaque semaine dans «les 400 culs», Agnès Giard, anthropologue rattachée à l’université de Paris Nanterre, spécialiste du Japon, passe les discours et les pratiques sexuelles contemporaines au crible d’une analyse sceptique et distanciée, nourrie par les dernières recherches en sciences humaines et sociales.
«Il souffrait d’une malformation des parties génitales. J’avais 16 ans quand j’ai croisé le chemin de cet homme, le voisin de ma meilleure amie. A voix basse, demi-terrifiées, nous le surnommions “l’ogre aux grosses couilles”.» Interviewée en distanciel depuis son atelier de Montreuil (Seine-Saint-Denis), où elle se réveille péniblement vers 14h30, Marine Luszpinski s’excuse : «Je souffre d’insomnies.»
Entre deux tasses de café bien serré, elle évoque le souvenir marquant de «l’ogre», dont ses tableaux gardent la trace, sous la forme de saynètes SM, parfois ornés de phrases assassines : «Tu es chiante et sans talent», «crève», «gourdasse», «ferme ta gueule», etc. Agée de 52 ans, l’artiste s’amuse à taguer ses tableaux d’insultes qui évoquent celles que l’ogre lui lançait, à elle et ses amies : «Vos gueules, les p’tites putes !»
De ce souvenir indélébile, Marine Luszpinski tire maintenant son inspiration. Son œuvre tourne en dérision la viol