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Les 400 culs

L’érotisme au Moyen-Age, entre ripailles et «lecheries»

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L’époque médiévale est souvent perçue comme l’âge d’or de la franche paillardise. Dans une anthologie, publiée en poche, Corinne Pierreville propose une approche plus nuancée.
Un couple au lit dans le manuscrit du «Roman de la rose» de Jean de Meun, XVe siècle. (© Photo Josse/Bridgeman Images)
publié le 10 août 2024 à 10h12

Il est courant de croire que nos ancêtres au Moyen-Age ne disposaient, pour parler sexe, que des chansons à boire, des grosses farces ou des contes grivois, destinés à faire rire les amateurs de flageolet et de charcuterie. Dans une Anthologie de la littérature érotique au Moyen-Age, initialement éditée en format beau livre couleur (éditions Honoré Champion, 2019), récemment publiée en poche à La Musardine, la chercheuse Corinne Pierreville pose la question : le Moyen Âge connaissait-il l’érotisme ? Sachant que le mot érotisme date de la fin du XVIIIe siècle, on serait tenté de répondre non. L’image que nous avons de la période médiévale reste d’ailleurs très stéréotypée : pris entre les épidémies de peste, la famine et les guerres, les gens de cette époque n’avaient probablement guère loisir de s’adonner aux badinages. On imagine aussi volontiers que, sous la férule de l’église, les liesses populaires ne pouvaient relever que d’explosives transgressions et que leurs excès cathartiques avaient surtout pour fonction de conjurer la mort… Quel meilleur moyen de le faire que par le rire ?

Hilarité

«Il est fort rassurant d’imaginer la barbarie cantonnée à un temps révolu, surtout quand l’actualité le dément quotidiennement», commente Corinne Pierreville, qui dénonce cette vision d’un Moyen Age carnavalesque et arriéré. Ainsi qu’elle l’écrit dans l’introduction, il serait rédu