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Interview

Les mots pour le queer : pourquoi invente-t-on toujours plus de termes pour s’identifier ?

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LGBT +dossier
«Si on arrive à se nommer, c’est qu’on existe», explique Noémie Marignier, spécialiste des discours sur le sexe, le genre et les sexualités.
A Paris, lors de la marche des fiertés, le 24 juin 2023. (Anna Margueritat/Hans Lucas via AFP)
publié le 25 août 2024 à 10h00

«Aroace», «fictosexuel», «personne trans non-binaire», «demi-romantique»… Plus ou moins récentes, ces manières d’identifier une orientation sexuelle ou une identité de genre sont souvent méconnues. Mais pourquoi, au fil des années, toujours plus de mots apparaissent ? «Nommer, c’est faire exister», rappelle Noémie Marignier, maîtresse de conférences en sciences du langage à Paris 3 Sorbonne Nouvelle et spécialiste des discours sur le sexe, le genre et les sexualités.

Ces mots sont-ils tous répandus ou connus ?

Dans mon travail, je me concentre plus sur la circulation des mots que sur les réalités qu’ils désignent. Je n’ai jamais rencontré les mots «fictosexuel» ou «skoliosexuel», par exemple. Au contraire, la plupart des gens ont déjà entendu le mot «trans» ou «non binaire».

Comment naissent ces nouveaux mots ?

Bien qu’on manque d’analyse sociologique, on sait que ces termes sont créés par des personnes assez jeunes, en recherche de leur identité sexuelle et de genre au-delà des catégories traditionnelles. L’identité est la quête de se comprendre soi-même, l’autre, dans une période de sensations troublantes, de désirs bouleversants, par rapport aux pratiques normales et normées hétéro. Essayer de nommer, de catégoriser, fait partie d’un processus de compréhension du monde. Cela se fait dans un cheminem