Les femmes : des goulues, des insatiables. A la Renaissance, Montaigne écrit dans ses Essais qu’elles sont bien plus «capables et ardentes aux effets de l’amour» que les hommes. Mais son admiration se teinte d’inquiétude. Il ajoute que les faire jouir revient «à chier dans un panier et se le mettre sur la tête», car on allume alors des désirs qu’un mari, seul, ne peut éteindre. Le stigmate pèse, proscrivant chez les femmes toute expression légitime du désir. A priori, il faut attendre la fin du XVIIIe siècle pour lire des textes érotiques de femmes. Le premier est attribué à Mlle de Charolais, fille de Louis III de Bourbon-Condé, encore que les experts se disputent là-dessus. S’il faut en croire les spécialistes, il n’existerait aucun texte «de cul» féminin avant l’époque moderne. Et pourtant… Une anthologie magistrale, Ecrits érotiques de femmes, publiée aux éditions Bouquins recense 700 textes, de 200 lettrées, romancières ou troubadouresses couvrant toutes les époques, de l’Antiquité à nos jours. Le livre fait partie des finalistes pour le prix Sade, un prix littéraire créé en 2001 qui récompense les ouvrages érotiques et qui, ce samedi 28 septembre, annoncera le vainqueur.
Toutes des lubriques
Cette anthologie surprenante représente une gageure. «Pour la réaliser, il nous a fallu redéfinir le mot érotisme», explique Camille Koskas, co-au