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Libération
Les 400 culs

Loi «anti-porno» : «C’est à se demander si elle visait vraiment à protéger les plus jeunes»

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La loi Sren, dont l’arrêté obligeant la vérification de l’âge des internautes sur des sites pornographiques est suspendu, était censée en préserver les mineurs. Est-elle efficace ? «Pas du tout», proteste Franck Desbordes. Auteur d’une tribune virulente dans la revue «Strobo», il dénonce l’imposture.
Le 4 juin, jour où les sites PornHub, Youporn et Redtube ont bloqué l'accès aux internautes français, les ventes d'abonnements VPN ont explosé. (Jean-Michel Delage/Hans Lucas. AFP)
publié le 21 juin 2025 à 7h10

Chaque semaine dans «les 400 culs», Agnès Giard, anthropologue rattachée à l’université de Paris Nanterre, spécialiste du Japon, passe les discours et les pratiques sexuelles contemporaines au crible d’une analyse sceptique et distanciée, nourrie par les dernières recherches en sciences humaines et sociales.

«La loi Sren [pour sécuriser et réguler l’espace numérique, ndlr] prétend empêcher les enfants de regarder du porno… sans y parvenir. Et pour cause : son objectif réel n’est pas la protection des mineurs, mais la prohibition des contenus pour adultes.» Au téléphone, Franck Desbordes cache mal son agacement. Rédacteur en chef du mensuel Strobo Mag, un magazine gratuit distribué dans le réseau français des clubs gays, le Parisien de 58 ans vient de signer un édito à charge dans le dernier numéro, tout juste sorti en version papier : «Sren, une loi inefficace», titre-t-il, preuves à l’appui.

Interrogé par Libé, Franck Desbordes dénonce une loi qui reflète le «puritanisme» des pouvoirs publics et surtout leur «incurie». «L’article résume plusieurs années de travail sur la question», explique-t-il. Ancien président du