Chaque semaine dans «les 400 culs», Agnès Giard, anthropologue rattachée à l’université de Paris Nanterre, spécialiste du Japon, passe les discours et les pratiques sexuelles contemporaines au crible d’une analyse sceptique et distanciée, nourrie par les dernières recherches en sciences humaines et sociales.
«Ma technique de dessin, c’est le prurit. J’improvise une tête au milieu de la page, ça donne spontanément un cadavre dans une morgue où dix personnages se massacrent et se baisent.» Lors de l’interview en distanciel, Mavado Charon, 49 ans, se trouve dans le jardin d’une petite ferme du Maine-et-Loire qu’il retape avec sa femme. Ils y vont les week-ends, accompagnés de leur fille, pour s’occuper d’un potager et d’arbres fruitiers. Les oiseaux pépient gaiement autour de lui, en total contraste avec les visions cruelles que je garde sous les yeux pour poser les (bonnes) questions : masturbation à l’aide d’une boîte de conserve aux bords déchiquetés, sodomies de troncs humains putréfiés, corps empalés sur des poteaux. Veut-il se montrer rassurant ?
Mavado Charon, d’une voix douce, affirme que «la violence du monde réel» lui est «insupportable» : «Je suis d’une nature plutôt anxieuse, assure-t-il. C’est peut-être la raison pour laquelle les choses brutales attisent en moi ce désir. Elles me terrifient, alors je dessine des scènes d’apocalypse