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Mon accent, ma bataille : «Aujourd’hui, je remarque que ma mère a un accent que je n’entendais pas auparavant»

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Témoignages - Au boulotdossier
Pour des raisons personnelles et professionnelles, certaines personnes s’obligent à modifier leur accent. Pour la plupart, cela se fait dans une certaine douleur, avec parfois des retours tardifs à l’accent d’origine. Dans notre cinquième épisode, Maitena, 24 ans, étudiante en école de commerce en région parisienne, a modifié son accent basque en classe préparatoire sous la pression de certains professeurs.
«J’ai commencé par imiter mes profs, à prendre leur accent très académique.» (Clarissa Leahy/Getty Images/Image Source)
publié le 23 février 2025 à 9h54

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Dans Changer : méthode (éd. Seuil, 2021), l’écrivain Edouard Louis raconte comment il a, patiemment et au bout d’immenses efforts, modifié en profondeur sa personnalité et son apparence physique pour effacer toutes traces de son milieu d’origine. Parmi ses transformations, celle de la langue est l’une des plus spectaculaires : exit l’accent, les expressions et les tournures du nord de la France pour laisser place à un français impeccablement académique et littéraire. Ces efforts sont le fruit, selon le sociolinguiste Philippe Blanchet, d’une «idéologie linguistique extrêmement puissante, qui estime qu’il y a une langue supérieure aux autres (le français), avec une bonne façon de le parler qui serait celle des classes supérieures parisiennes». Dans ce cinquième épisode, Maitena, originaire du Pays basque, a non seulement modifié son accent mais pratiquement oublié la langue basque, qu’elle a pourtant étudié de la maternelle à la terminale.

«J’ai grandi à Bayonne, au Pays basque, jusqu’à mes 18 ans, et je vis en région parisienne depuis 2021 où je fais des études en école de commerce. De