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Mon accent, ma bataille : «Il m’arrive de forcer mon accent québécois par provocation»

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Témoignages - Au boulotdossier
Pour des raisons personnelles et professionnelles, certaines personnes s’obligent à modifier leur accent. Pour la plupart, cela se fait dans une certaine douleur, avec parfois des retours tardifs à l’accent d’origine. Dans notre premier épisode, Alexandre, 46 ans, Québécois séjournant régulièrement à Paris, s’étonne que son accent soit encore un tel objet de curiosité.
«Les Français s’autorisent beaucoup de choses avec les Québécois, une familiarité qui frôle parfois la moquerie.» (Leland Bobbe/Getty Images)
publié le 17 février 2025 à 5h59

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Dans Changer : méthode, l’écrivain Edouard Louis raconte comment il a, patiemment et au prix d’immenses efforts, modifié en profondeur sa personnalité et son apparence physique pour effacer toutes traces de son milieu d’origine. Parmi ses transformations, celle de la langue est l’une des plus spectaculaires : exit l’accent, les expressions et les tournures du nord de la France pour laisser place à un français impeccablement académique et littéraire. Ces efforts sont le fruit, selon le sociolinguiste Philippe Blanchet, d’une «idéologie linguistique extrêmement puissante, qui estime qu’il y a une langue supérieure aux autres (le français), avec une bonne façon de le parler qui serait celle des classes supérieures parisiennes». Dans ce premier épisode, Alexandre, réalisateur-cadreur, a parfois du mal avec la familiarité que suscite son accent québécois lorsqu’il séjourne à Paris.

«Je suis québécois et viens à Paris depuis quinze ans pour le travail pour des séjours plus ou moins longs. Au début, il m’arrivait de “prendre” l’accent parisien. J’ajoutais des “du coup” en débu