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Mon accent, ma bataille : «J’adopte une prononciation stricte pour entrer dans le moule»

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Témoignages - Au boulotdossier
Pour des raisons personnelles et professionnelles, certaines personnes s’obligent à modifier leur accent. Pour la plupart, cela se fait dans une certaine douleur, avec parfois des retours tardifs à l’accent d’origine. Dans ce deuxième épisode, Julie, 23 ans, étudiante en journalisme, s’efforce de modifier son accent marseillais pour maximiser ses chances de trouver un emploi.
«J’ai l’impression que si je parle avec des expressions marseillaises, on s’imaginera que je suis un peu trop à la cool, détendue.» (Jena Ardell/Getty Images)
publié le 19 février 2025 à 5h29

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Dans Changer : méthode (éd. Seuil, 2021), l’écrivain Edouard Louis raconte comment il a, patiemment et au prix d’immenses efforts, modifié en profondeur sa personnalité et son apparence physique pour effacer toutes traces de son milieu d’origine. Parmi ses transformations, celle de la langue est l’une des plus spectaculaires : exit l’accent, les expressions et les tournures du nord de la France pour laisser place à un français impeccablement académique et littéraire. Ces efforts sont le fruit, selon le sociolinguiste Philippe Blanchet, d’une «idéologie linguistique extrêmement puissante, qui estime qu’il y a une langue supérieure aux autres (le français), avec une bonne façon de le parler qui serait celle des classes supérieures parisiennes». Dans ce deuxième épisode, Julie Marseillaise d’origine qui espère travailler en journalisme télé ou radio, préfère avoir un accent «standard».

«J’ai grandi à Marseille et vis à Paris depuis un an, où je fais des études de journalisme. A Paris, j’ai remarqué que je fais attention pour moduler certains sons. Par exemple, pour le mot “sujet”, les Parisiens disent