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Mon accent, ma bataille : «Le mythe du Parisien, ça fait un peu peur dans l’imaginaire collectif»

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Témoignages - Au boulotdossier
Pour des raisons personnelles et professionnelles, certaines personnes s’obligent à modifier leur accent. Pour la plupart, cela se fait dans une certaine douleur, avec parfois des retours tardifs à l’accent d’origine. Dans notre quatrième épisode, Etienne, 36 ans, producteur de musique venu du Nord Pas-de-Calais, a gardé une vraie tendresse pour l’accent ch’ti, malgré des fluctuations.
«J’ai vite supprimé ça pour que socialement, on ne me renvoie pas à l’image du Nord, souvent associée à quelque chose de beauf.» (tioloco/Getty Images)
publié le 21 février 2025 à 8h02

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Dans Changer : méthode (éd. Seuil, 2021), l’écrivain Edouard Louis raconte comment il a, patiemment et au bout d’immenses efforts, modifié en profondeur sa personnalité et son apparence physique pour effacer toutes traces de son milieu d’origine. Parmi ses transformations, celle de la langue est l’une des plus spectaculaires : exit l’accent, les expressions et les tournures du nord de la France pour laisser place à un français impeccablement académique et littéraire. Ces efforts sont le fruit, selon le sociolinguiste Philippe Blanchet, d’une «idéologie linguistique extrêmement puissante, qui estime qu’il y a une langue supérieure aux autres (le français), avec une bonne façon de le parler qui serait celle des classes supérieures parisiennes». Dans ce quatrième épisode, Etienne, qui vit à Paris mais est d’origine chti, s’autorise de nouveau à employer des expressions bien de chez lui.

«J’ai grandi entre Lille et le Pas-de-Calais et vis à Paris depuis quinze ans. Je n’avais pas un énorme accent à la base. Ce que j’ai le plus gommé, et seulement parce qu