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Interview

Philippe Blanchet, sociolinguiste : «On ne peut ni perdre ni retirer un accent, on le transforme»

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Le chercheur est à l’origine du terme «glottophobie», une discrimination qui repose sur la langue ou sur l’accent. «Libé» l’a interrogé sur la relation tourmentée qu’entretiennent certaines personnes avec leur accent d’origine.
«Demander à une personne de changer sa langue, c’est lui demander d’arrêter d’être elle-même, que ce soit fait de façon implicite ou non.» (RunPhoto/Getty Images)
publié le 18 février 2025 à 9h17

Dans notre série de témoignages qui seront publiés tout au long de la semaine, Alexandre, le Québécois à Paris, s’autorise enfin à reprendre son accent d’origine passé 45 ans. Thomas, le Catalan, est heureux de vivre en Angleterre, où on ne lui fait plus remarquer sans cesse qu’il vient du pays du soleil. Etienne, du nord de la France, a gardé une vraie tendresse pour certaines expressions ch’tis et s’amuse à les employer à dessein dans son milieu amical parisien. Julie, étudiante en journalisme, s’oblige à cacher son intonation marseillaise pour augmenter ses chances d’employabilité, tout comme Anna, du Pays basque, qui a préféré modifier son accent pour intégrer une grande école de commerce. Tous ont été interpellés sur leur façon de parler, et tous ont cherché, à un moment ou à un autre, à se conformer au français «standard».

Mais peut-on vraiment modifier un accent en profondeur ? Et est-ce seulement souhaitable ? Auteur de l’expression «glottophobie», le sociolinguiste Philippe Blanchet, chercheur l’Université Rennes-2 a consacré sa vie de chercheur à l’étude des accents. Pour lui, ces modifications langagières en