Menu
Libération
Les 400 culs

Qu’est-ce que «l’edging», l’art de se masturber sans fin ?

Article réservé aux abonnés
Dans une exposition intitulée «Edging», l’artiste hongkongais Wong Ping fait le parallèle entre l’art de se masturber sans fin et la logique de nos sociétés modernes obsédées par un plaisir jamais satisfait.
«Edging» de Wong Ping (2023). (Wong Ping)
publié le 24 février 2024 à 9h47

«Les Chinois ont les plus petits pénis du monde. Mais, mis bout à bout, les pénis des Chinois font six fois le tour de la terre.» Créateur d’animations érotiques absurdes inspirées de Fernand Léger et d’Allen Jones, le graphiste numérique Wong Ping construit souvent ses récits autour de phrases saugrenues qu’il pêche sur les réseaux sociaux ou au détour de conversations. Il en fait la matière d’histoires graphiques dissonantes qui, depuis 2015, sont exposées dans les plus grands musées, de New York à Bâle. Wong Ping expose actuellement au MAK de Vienne ses vidéos parmi les plus visuellement explicites sous le titre Edging.

L’edging est une pratique qui vise à intensifier le plaisir en reculant toujours le moment de l’orgasme. Wong Ping questionne ainsi la poursuite du plaisir, posée comme notre seul horizon d’attente… «Et si, au bout, il y avait non pas la jouissance, mais la tragédie ?» demande-t-il. Dans les sociétés modernes, cette poursuite du plaisir pousse les individus dans une fuite en avant. Ils travaillent, consomment, toujours plus, sans parvenir à trouver de contentement. Cette frustration permanente, entretenue par le système, est un sujet central dans l’œuvre de Wong Ping : «L’edging est une autocensure de la jouissance, dit-il