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Libération
Les 400 culs

Shakespeare : le songe d’un anus d’été

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La pièce de Shakespeare, «le Songe d’une nuit d’été», regorge, tant sur le fond que sur la forme, d’éléments grivois, notamment au travers de répliques à double sens et de plus ou moins subtiles allusions.
Le Songe d'une nuit d'été, au Théâtre de la Ville. (Nadège Le Lezec. Théâtre de la ville)
publié le 25 janvier 2025 à 10h47

Chaque semaine dans les «400 culs», Agnès Giard, anthropologue rattachée à l’Université de Paris Nanterre, spécialiste du Japon, passe les discours et les pratiques sexuelles contemporains au crible d’une analyse sceptique et distanciée, nourrie par les dernières recherches en sciences humaines et sociales.

«Mon rêve devrait s’intituler “le rêve d’Anus” car il est dénué de fondement.» Ainsi parle Bottom, personnage clé du Songe d’une nuit d’été, actuellement à l’affiche du Théâtre de la Ville, à Paris. En anglais, le mot «bottom» signifie diversement «derrière», «croupion», «postérieur» ou «fion». C’est un peu comme si quelqu’un s’appelait Lecul. Pour l’universitaire Jean-Marc Lanteri, 62 ans, traducteur spécialisé dans le théâtre de Shakespeare, il n’y a là rien d’un hasard : «De même qu’un fusil accroché au mur chez Tchekhov doit cracher du feu à un moment ou à un autre, une synonymie chez Shakespeare doit forcément conduire à un jeu de mots obscène.»

Prenez le nom de Bottom, donc. Faut-il le traduire ? Oui, affirme Jean-Marc Lanteri. «Cela clarifierait grandement certains jeux de mots de la pièce qui, sinon, demeureraient incompréhensibles». Joignant les actes aux paroles, le spécialiste a récemment publié sa propre version de la pièce (